Cette année, 19 étudiants de deuxième année de la HEAR ont pu tester les modes d’approche de la didactique visuelle, grâce à un projet de terrain de grande ampleur. Le site industriel qui a inspiré leurs travaux a en effet des allures de géant, puisqu’il s’agit du principal centre de tri et de recyclage des déchets de l’agglomération strasbourgeoise (50 000 tonnes par an).

« Après deux visites guidées de l’usine Altem en automne, les étudiants ont travaillé librement la forme de leur projet avec un objectif documentaire », expliquent Olivier Poncer et Olivier-Marc Nadel, les enseignants de l’atelier de Didactique visuelle, qui les ont guidés pour concrétiser leurs créations. « À l’issue de deux visites sur place, ils ont compris le cycle des déchets, ils ont collecté de l’information, réalisé des croquis, des photos, des vidéos… » En janvier, ils ont dévoilé à Vincent Schroll, président du groupe familial créé en 1892 et à Cyril Besson, responsable du marché des collectivités, les fruits de leurs réflexions.

Impressionnant !

On ne sort pas indemne de la visite de ce monstre d’acier, de tapis roulants, de cribles, de presses et de bruits mécaniques assourdissants. De ces fortes impressions de terrain, les étudiants ont su tirer des visions tangibles, entre le reportage et la fiction, mais toujours porteurs de sens, de beauté ou de questionnements. Deux étudiantes, Léa Panijel et Sarah De Liveira ont reproduit la chaîne du tri, sous la forme d’un jeu de construction en bois et d’une maquette 3D en papier d’une grande précision. D’autres, comme Rémi Brimboeuf et Bérénice Dautry ont utilisé le jeu de plateau pour sensibiliser aux bons gestes de tri ou aux règles de sécurité sur un site industriel.

Plusieurs se sont orientés vers l’édition : Louise Chevalier, avec un livre pour enfant qui suit le circuit de vie d’une bouteille en plastique, Lisa Maggi, des flip book ou encore l’histoire illustrée par Lou Peveling d’un oreiller fabriqué à partir de matériaux recyclés… D’autres, impressionnés par la machinerie ont puisé dans l’esthétique industrielle pour imaginer de objets photos ou vidéos. Des films d’animation ont su explorer des questions très techniques sur l’économie des déchets, le parcours de visite ou la métaphore de l’envahissement par les déchets. D’autres fois encore, c’est l’émotion qui a dicté des objets manifestes donnant de la place à l’homme, du sens au geste de tri ou le fil conducteur d’un ambitieux documentaire réalisé par Jeanne Idatte à partir de paroles d’écoliers sur le tri.

Impressionné !

Séduit par la qualité et la maturité des projets présentés, Vincent Schroll a prolongé sa présence à la séance de présentation et s’est enthousiasmé à plusieurs reprises de la capacité des étudiants à avoir capté l’âme du site et la complexité de ce métier. « Je ne m’attendais pas à ça ! À ces visions très innovantes de notre activité, qui apportent de la fraîcheur à notre univers industriel. La plupart de ces projets rompent avec l’image bucolique que l’on se fait, à tort, des opérations de tri et de recyclage, tout en questionnant pleinement le circuit des objets et leur valeur résiduelle. Cela va parfaitement dans le sens de notre volonté d’ouverture et de transparence et notre souci de pédagogie. La Maison du Recyclage, où se déroule cette restitution, me semble le lieu rêvé pour exposer les productions des élèves de la HEAR, non seulement à nos clients, mais aussi à nos salariés, car elles donnent du sens à notre activité ! »

Corinne Maix

(Mis en ligne le 31.01.2020)

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