Fériel Djenidi et Roxane Romann forment le duo The Fine Art Collection. Derrière ce nom se cache une communion entre deux jeunes femmes. Attirées par le superstitieux, les croyances populaires, le chamanisme ou la transmission du langage, les artistes entraînent le public vers un monde utopique et mystique à travers des médiums aussi variés que la performance, l’installation, la peinture, la vidéo ou l’édition.

Fériel Djenidi et Roxane Romann, diplômées d’un DNSEP/master Art en 2013, forment le duo The Fine Art Collection. Derrière ce nom se cache une communion entre deux jeunes femmes. Attirées par le superstitieux, les croyances populaires, le chamanisme ou la transmission par le langage, les artistes entraînent le public vers un monde utopique et mystique à travers des médiums aussi variés que la performance, l’installation, la peinture, la vidéo ou l’édition.

S’il y a un mot qui devait décrire The Fine Art Collection, c’est la symbiose. L’une commence une phrase, l’autre la finit. Ce n’est même pas un cliché à l’eau de rose, tant cela est vrai. Fériel Djenidi et Roxane Romann se rencontrent à la HEAR à Mulhouse. Très vite, elles s’aperçoivent que leurs questionnements artistiques sont communs. Elles décident de passer une partie de leur DNAP (3e année) ensemble. La suite se fera toujours à deux, jusqu’au grand diplôme de fin d’école. « On a écrit une lettre au Ministère de la Culture pour passer notre diplôme ensemble », explique Fériel, « il y a une sorte de vide juridique, on ne nous a pas dit oui ou non, mais le Ministère nous a fait comprendre qu’il n’était pas pour », renchérit Roxane Romann. Qu’importe les sous-entendus négatifs, soutenues par leurs professeurs, les deux jeunes femmes écrivent un mémoire à 4 mains et préparent leur diplôme ensemble.

Un projet utopique

Aujourd’hui, elles dévoilent leur première exposition personnelle au 19 CRAC à Montbéliard, intitulée Grâce au travail de ceux qui espèrent. Le duo s’est intéressé à l’espéranto, cette langue inventée en 1887 qui permet de construire un pont neutre entre les différents pays et cultures. « C’est une langue qui appartient à tout le monde et en même temps à personne », expliquent les deux jeunes femmes, « l’espéranto est une sorte de projet fou, utopique et une manière de résister à un ordre mondial ».

The Fine Art Collection part à Rotterdam, rencontrer une communauté espérantiste. C’est ce séjour qui nourrira la conception de l’exposition présentée à Montbéliard. Trois installations y sont présentées : la première retrace le parcours de la tulipe viridiflora Esperanto. Dans un véritable travail d’historiennes, les deux jeunes femmes ont remonté tout le trajet migratoire de cette fleur. Elles ont alors créé des écussons en forme de tulipe qu’elles espèrent coudre dans les habits des « soldats » de l’espéranto, en référence aux épouses d’Ottomans qui brodaient des tulipes dans les vêtements de leurs maris guerriers pour leur porter chance.

Bibliothèque utopiste

La seconde installation est une vidéo performance qui montre la tentative de Fériel Djenidi et Roxane Romann pour intégrer le mot performance dans la langue espéranto. Enfin la dernière installation est née d’une citation de Cicéron « si hortum in bibliotheca habes, deerit nihil » qui signifie que si l’on a un jardin dans une bibliothèque, il ne manquera rien. « Nous avons créé un jardin-bibliothèque qui contient des livres sur l’utopie ». Toute l’installation est basée sur la collaboration : pour constituer leur bibliothèque-jardin, elles ont entre autres demandé à des institutions et des particuliers de leur donner ou prêter un ouvrage qui leur évoque l’utopie. « Par le collectif, on peut réaliser de grandes choses », explique les jeunes femmes. La suite, le duo prévoit de poursuivre leur recherche sur l’espéranto et d’organiser un long voyage sur les traces de la tulipe. On ne peut s’empêcher d’être contaminé par leur positivisme et rêver d’un monde utopique.

Charlotte Staub

(mis en ligne le 02. 02. 2018)


Le site internet de The Fine Art Collection

L’exposition Grâce au travail de ceux qui espèrent est visible au CRAC Le19 à Montbéliard du 3 février au 15 avril 2018.

Visuel 1 : The Hopping Unrest, Gemischte Gefühle au Tempelhof, Berlin
Visuel 2 : Autoprortrait d’un binôme au travail, détail
Visuel 3 : Body dialogue with art, Zones sensibles au 49 Nord 6 Est FRAC Lorraine, Metz