Ce workshop de dissection à Anvers, en Belgique, était une occasion unique de voir de nos propres yeux le corps dans tous ses états. Nos seules références visuelles jusqu’alors étaient les manuels d’anatomie dont les illustrations témoignent toujours d’un regard, d’un parti pris, de l'interprétation graphique du dessinateur.
Il était important et intéressant de vivre ainsi l’expérience d’une dissection, de nous permettre d’observer la réalité d’une dissection, d’observer et de comprendre par nous-mêmes la mécanique interne du corps.

Professionnellement, l’expérience est d’une richesse sans égal. Sur le plan émotionnel, elle est compliquée. Les odeurs de décomposition durant la dissection animale étaient telles qu’il a été très difficile de se concentrer, et plus encore de dessiner.
La dissection humaine était d’une tout autre nature : les participants semblaient avoir plus de respect pour les fragments de corps, ils les manipulaient avec délicatesse, proprement, les explications étaient claires et didactiques.
Bien sûr, il fallait éviter toute empathie avec l’individu dont le corps était ainsi exhibé. Lorsque le chirurgien lui a donné un âge, un sexe, puis une histoire, le spectacle a pris un sens bien plus intime et troublant.

J’ai profité de cette expérience pour appréhender l’anatomie humaine et animale, leurs couleurs si spécifiques ainsi que la richesse de leurs textures.
J’ai retranscrit sur un papier aussi immaculé que mon sage esprit, désormais grandi et enrichi, la curiosité scientifique qui m’anime.