La première séance à laquelle nous avons participé était une dissection animale avec pour sujets d’étude des chiens, des chats, des chèvres ou encore des cochons. Les préparations exposaient divers corps, tissus ou organes. C’était peut-être le moment le plus difficile de ces deux jours de workshop.

La première émotion fut une odeur puissante qui nous a saisis et poursuivis douze heures durant. Puis le choc visuel de voir les corps des animaux ainsi disposés sur les tables. Pour exemple, les chiens semblaient avoir été fraîchement percutés par un camion. En découvrant ce qu’impliquait l’étude scientifique des animaux dans le cadre d’une dissection, nous étions nombreux à nous interroger sur la notion de respect de la vie animale.

Le deuxième jour, nous avons étudié des parties de corps humain (bras, jambe, cœur, poumon). Étrangement, il y avait moins d’émotion à la vue d’une jambe et moins d’empathie vis-à-vis de son propriétaire opéré d’une greffe de rotule deux semaines avant de mourir, que devant un chien ouvert en deux.
Était-ce dû à l’absence d’odeur, à la disposition des sujets, au contexte plus clinique et professionnel ? Je l’ignore.
En conclusion, aussi bien pour les animaux que pour l’homme, l’expérience était exceptionnelle : on se retrouvait face à quelque chose d’unique. La situation était comparable à un premier cours de nu : on découvrait un sujet plus extraordinaire que tout ce que nous avions dessiné jusqu’alors.
Chaque préparation était d’une grande complexité visuelle que nous devions comprendre et représenter dans le détail avec justesse et précision dans un temps limité. L’harmonie des couleurs, les formes et les textures étaient d’une richesse incroyable. Après un temps d’observation, chacun choisissait un sujet d’étude et se focalisait sur la représentation d’un muscle, d’un nerf ou encore de la masse graisseuse d’un membre.
Les conditions particulières d’une dissection, qui ne permettent pas aux préparations d’être exposées longtemps, nous ont obligés à clore cette séance de dessin d’après nature que nous aurions tous encore voulu prolonger.