L’interrupteur « Haute tension » est un projet qui
a été conçu dans le contexte des Designer’s Days
en 2007, en association avec les entreprises Legrand
et Bernardaud. L’idée était de faire un décor, qui
soit lisible à deux niveaux. Un premier qui rappelle
le savoir-faire ancestral du décor sur porcelaine,
comme à l’époque où l’on ornait les assiettes avec les
paysages archétypaux de nos campagnes. Lorsque
l’on se rapproche un peu plus, ce sont des paysages
contemporains qui se donnent à lire, qui portent
interrogation, qui illustrent différentes sources d’énergie.
Ces images sont tramées, comme des photos de presse,
elles renvoient à l’univers contemporain du pixel.
Chaque image comporte également des chiffres clef.
Parfois la production énergétique, parfois le dégagement
de CO2… C’est une photographie, un état des lieux.
Quant à savoir si le chiffre est positif ou négatif,
cela reste une question.
Nous faisons des objets qui se retrouvent chez les
gens, qui font évoluer les usages. Pour qu’ils fassent
réfléchir, qu’ils fassent évoluer notre environnement
au quotidien, qu’ils existent.
Le message, le plus important, c’est l’électrochoc
que cela renvoie, de se dire que quand on appuie sur un
bouton, on ne se rend même plus compte que l’on met
en route toute une machinerie ! On se demandait si une
telle approche était très valorisante pour Legrand. En fait
ils vendent des objets de consommation d’électricité, ils
ne vendent pas d’électricité. Un interrupteur, cela sert
à allumer la lumière, mais cela sert aussi à l’éteindre.
C’est cela qui les a beaucoup intéressés : se positionner
sur des problématiques actuelles, et avoir des réponses
intelligentes. L’interrupteur, c’est le seul moment où
l’on matérialise l’électricité. Il est notre seul contact
avec l’énergie réelle.
Le plus long dans ce projet a été de trouver la bonne
image qui garde son signe de reconnaissance avec
ce trou au milieu. C’était comme si on peignait le cadre
d’un tableau, mais d’un tableau qui ait une fonction.
Au bout du compte, cela marche bien, parce qu’il y a
une vraie qualité Bernardaud. La porcelaine, c’est de la
meilleure qualité. L’or c’est du vrai or, avec un superbe
brillant et parce qu’en termes d’électricité, Legrand,
c’est ce qui se fait de mieux.
Pour ce projet, on a eu carte blanche. On s’est mis
d’accord sur une idée au départ et on a choisi ce qui tend
le plus vers le message. Rien ne sort d’ici si tout le monde
n’est pas d’accord… Ce projet a intéressé la presse parce
qu’il y avait une vraie histoire, parce qu’il y avait un vrai
fond. C’était nouveau, c’était inattendu.
Il y a plein de gens qui essayent de créer en regardant
comment les autres ont fait. Du coup, ils ne font rien.
La référence, c’est bien, mais l’important, c’est la
curiosité, une intelligence, une culture générale.
Jean-Sébastien Blanc, Anthony Lebossé
Extraits de l’entretien réalisé le 19 août 2008