Le titre de cette vidéo, The Machine is Us/ing Us,
est un jeu de mots qui dit tout à la fois combien
l’électronique incarne nos pensées et investit,
voire modèle nos vies à chaque instant.
Michael Wesch se présente comme un anthropologue
culturel. Il a créé ce film à l’occasion du lancement
du groupe de travail Digital Ethnography, à l’université
du Kansas où il enseigne. Lors de son travail
d’observation des changements sociaux et culturels
en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Michael Wesch s’est
concentré sur l’introduction du papier et des pratiques
liées à ce support, par exemple la cartographie et le
recensement. Ce travail lui a donné l’idée d’examiner
les impacts des nouveaux médias sur les sociétés,
notamment l’introduction des supports numériques
et des applications dites « Web 2.0 ».
Michael Wesch part du principe que « Tout est connecté ». Une société est composée de différents
éléments structurants : économiques, politiques, sociaux et culturels. Les médias font le lien entre ces structures
et créent finalement une « écologie » où ces éléments s’influencent et façonnent les pratiques et les valeurs
d’une société.
The Machine is Us/ing Us est un montage animé de quatre minutes et demie qui résume le concept de
« Web 2.0 ». Il décrit d’une part comment les applications numériques représentatives de ce concept facilitent les échanges et le partage entre les êtres humains,
d’autre part comment ce partage renseigne un système d’intelligence numérique qui « apprend » et s’adapte
en conséquence.
Michael Wesch a réalisé la vidéo en utilisant des moyens
simples et sans artifices. Il commence par filmer
la matérialité de sa propre écriture au crayon sur papier
en utilisant la gomme pour introduire la notion que l’écrit
est moins linéaire qu’il n’y paraît. La suite du montage
est composée d’un plan-séquence capturant sur son
écran d’ordinateur le déploiement des différents outils
de création sur Internet. Ce film applique la technique
du
screencasting (capture vidéo de l’écran) : les outils
dont les fonctionnalités et l’usage sont analysés
deviennent les supports même du scénario explicatif.
Cette mise en
abîme est particulièrement efficace pour
démontrer directement le potentiel des outils par leur
mise en oeuvre.
Ainsi, Michael Wesch aborde l’hypertexte, l’HTML et l’XML. Grâce à l’évolution des outils, le contenu est séparé de la forme. Chacun est à présent capable de produire du contenu libéré des contraintes ou de la complexité technique de la mise en forme : la publication des contenus est démocratisée. Cela facilite l’échange de données et rend possible de nouvelles combinaisons (le
mash-up et le
tagging). C’est donc un nouveau système de valeurs qui se met en place : « The Machine is Us/ing Us ». Par conséquent, cela pose des questions inédites sur l’éthique, le commerce, la propriété privée, les relations, la famille, l’amour, et sur notre identité même.
En tant qu’anthropologue, l’hypothèse de Michael
Wesch est que les nouveaux moyens de partage
de l’information, quels que soient leurs formes
ou supports, structurent les changements sociaux
et culturels.
Dans la dernière séquence de sa vidéo, Michael Wesch
cite l’article « We Are the Web » de Kevin Kelly, l’un des
fondateurs du magazine
Wired (www.kk.org).
Julia Moisand & Christian Égéa
« Au coeur du Web se trouvait un nouveau type
de participation qui depuis est devenu une culture
émergente fondée sur le partage. Puis les moyens de
participation libérés par les hyperliens ont créé une
nouvelle manière de pensée, mi-humaine, mi-machine,
absolument sans précédent et qu’on ne trouve nulle part
ailleurs. »
Kevin Kelly, « We Are the Web »
www.wired.com/wired/archive/13.08/tech.html