Strasbourg, Port du Rhin

Durant tout l’automne, la façade du Silo de la Malterie au port du Rhin prend vie et s’illumine de projections réalisées par les étudiants de la HEAR.

C’est dans le cadre de la valorisation du port que le Port Autonome de Strasbourg et la SPL Deux–Rives ont contacté la HEAR pour la mise en place d’un projet artistique. Porté par Thomas Voltzenlogel, enseignant de l’atelier Scénographie (Théories de l’art et dramaturgie), le projet a été lancé lors du workshop « Ombres amarrées » au cours de la semaine Hors limites en novembre 2019.

Sept étudiant·es de différents cursus ont travaillé ensemble à l’exploration d’un support particulier et à la scénographie associée. Deux projecteurs pour gobos (plaque de verre, sur laquelle est gravé un motif) ont été mis à disposition des étudiant·es par le Port Autonome pour la projection des images. Le projet est de raconter une histoire en images animées devant le projecteur, dans une recherche scénographique sur un jeu d’ombres autour du paysage rhénan et du patrimoine industriel du Port.

« Quelle poétique des ombres en ces temps saturés de lumières ? C’est à partir de cette question qu’est né ce projet de travail collectif. L’idée directrice de ce workshop reposait sur un équilibre entre travail de figuration et production d’une narration.
Les deux groupes d’étudiant·es se sont ainsi emparés librement de cette idée pour tracer leur propre chemin dans le cadre de productions d’images monochromes destinées à être projetées sur le silo du Port autonome de Strasbourg. Ils ont puisé dans l’imagerie des légendes et du folklore alsaciens ou dans les impressions qui sont nées de leur rencontre avec le lieu de projection pour façonner leurs propres représentations du port et plus largement de la ville.
En revisitant l’héritage esthétique de cette technique (lanternes magiques, ombres chinoises, théâtre optique…) et en la mêlant à d’autres (illustrations, collages…), ils ont minutieusement confectionné des images personnelles, singulières, qui invitent les spectateurs à imaginer les correspondances et les associations afin de retrouver les histoires muettes et les sensations non formulées des lieux. »
– Thomas Voltzenlogel

 

Les projets

Ombres amarrées réalisé par Louise Diebold, Luciane Pasques, Ghazal Sabzi Yakhforoozani et Pierre Tardif
Du 3 au 19 octobre 2020, de 20h à minuit

« Notre projet s’est construit autour d’images que nous inspirait le dispositif de projection par gobos. Ce système rappelant celui, anciennement, des lanternes magiques et des fantasmagories reliées à ce dispositif, nous sommes partis sur une voie similaire, inspirée des fééries et autres légendes d’Alsace. En effet, les lanternes magiques étaient principalement utilisées pour projeter des images diaboliques, religieuses, politiques ou scientifiques. Les histoires que nous proposons mêlent ces différentes facettes de la tradition des lanternes magiques en s’appuyant sur des contes qui ont participé et marqué la création d’une Alsace aux forêts mystérieuses, noires et aux paysages brumeux.
L’Alsace est effectivement une région qui regorge de légendes aussi religieuses que fantasmagoriques. Le vent permanent autour de la cathédrale, la cigogne qui au printemps apporte les nouveau-nés dans les foyers ; les funestes chasses aux sorcières ; les dames des lacs ou du Rhin… Ces histoires foisonnantes qui constituent le folklore alsacien sont pourtant peu connues. Le réaménagement du quartier Port du Rhin de Strasbourg est l’occasion de revenir sur une certaine facette de l’histoire, ici fantastique puisque inspirée d’une forme et d’un objet qui appelaient à l’imaginaire. La projection de ces contes sur un silo de l’époque moderne, construit au début de l’ère industrielle, marque un beau contraste et peut rappeler, à la manière du conte, que les rêveries ont toujours une importance dans notre époque contemporaine. »

Sans la nuit l’ombre s’ennuie, réalisé par Tess Gilles, Ula Rugeviciute Rugyte, Zoé Laulanie et Lisa Bonvalot
Du 23 octobre au 6 novembre 2020, de 18h à minuit

« Après avoir fait la visite du Port du Rhin et de ses archives, il nous a semblé intéressant de travailler avec toute la matière première que nous offre ce lieu et ses photographies. De tous ces éléments accumulés au fil du temps découle une ambiance particulière : poétique et mémorielle, en même temps très directe. Un côté industriel, brut et froid, mais à la fois vif et chaleureux d’une vie portuaire. À la fois obscure, mystérieux, et très claire…
Cet endroit, est un jeu entre les nombreux contrastes qui y vivent. Où la scène de béton et de fer, de forme géométrique, rencontre les ouvriers du port et les habitants du quartier. Le passé nostalgique rencontre le présent pragmatique. Une histoire se forme.
Cette histoire est racontée par des images contrastées et leurs combinaisons inattendues. Une journée de travail se déroule au port, tirant un fil imaginaire du matin au soir, apportant ses surprises, de l’aube à la nuit.
Un récit visuel de lumière et d’ombre, qui peut être simplement observé et ressenti, mais qui laisse de l’espace pour l’imagination et l’histoire de chacun.


Un mois de projection, à partir du 3 octobre 2020, sur la façade du Silo des Malteries d’Alsace (7 Rue du Port du Rhin, Strasbourg)