Les ateliers de la HEAR assurent un apprentissage technique, encouragent la transversalité et dopent la créativité. Regards sur une méthode qui a fait ses preuves.

C’est une mélodie insistante que l’on entend de-ci de-là dans les couloirs de la HEAR à Strasbourg, dans la bouche des professeurs ou des étudiants. Quand on visite les ateliers techniques, elle finit par imposer comme une évidence sa dimension chorale : ici, l’union fait la force et prépare au mieux le futur. “La particularité de l’école tient à la multiplication des projets collectifs”, estime ainsi l’enseignante Ju-Young Kim, responsable de l’atelier livre. Olivier Beiger, assistant d’enseignement artistique et responsable de l’atelier prépresse, va dans le même sens : “On incite beaucoup les étudiants à travailler en groupe, pour qu’ils ne fonctionnent pas en individualités mais en réseau. À la sortie de l’école, sans réseau, c’est très compliqué.”

Des ateliers transversaux ouverts à toute l’école

Son compère Bernard Blény, assistant d’enseignement artistique et responsable de l’atelier sérigraphie (les deux ont en charge l’atelier façonnage), complète : “On fait le maximum pour que les étudiants circulent. Parfois, ceux qui arrivent d’autres écoles sont un peu perdus. ‘Ah, ça se passe comme ça, ici ?’ Ce sont vraiment des ateliers transversaux ouverts à toute l’école, à toutes les sections. Ça évite d’avoir des cloisonnements comme ça arrive dans d’autres établissements.”

Avant même qu’ils entament leur cursus à la HEAR, les futurs étudiants ont droit à un reflet impressionnant de ce que l’atelier sérigraphie permet de produire : en mai, au moment du concours d’entrée, une exposition intitulée Faim de séri est organisée dans le hall de l’établissement ; elle propose aux visiteurs une sélection des travaux réalisés pendant l’année. Source de motivation supplémentaire, cet événement leur donne un aperçu de ce à quoi ils s’attelleront s’ils réussissent le concours. En effet, qu’ils soient en illustration ou non, en année 1 ou arrivés via une équivalence, tous auront droit à leur formation initiale en matière de sérigraphie.

Avant Noël, ils auront même édité en groupe leur propre support de cours, imprimé en sérigraphie. Baptisé Pif (pour “prépresse impression façonnage”), le résultat de ce premier travail pratique donne lieu à l’obtention d’un… gadget. “Quand ils ont fini leur Pif, je leur offre une règle typographique que j’ai réalisée”, s’amuse Olivier Beiger. Ensuite, les étudiants peuvent venir à leur guise pour des travaux de recherche ou des commandes, et travailler sur des supports variés (papier, verre, bois, etc.). “Le principe est de les rendre autonomes le plus rapidement possible, qu’ils mettent la main à la pâte et qu’ils produisent.” Du tote bag à l’affiche annonçant la prochaine soirée étudiante, en passant par le classique fanzine 32 pages avec agrafes, leur créativité peut s’exprimer de manières très diverses.

Suivre les projets de A à Z

“On les pousse à se défaire des choses convenues”, insiste Bernard Blény. Avec Olivier Beiger, ils interviennent régulièrement dans le cours du lundi soir créé l’année dernière et appelé Édition à la marge. Sous la direction de Ju-Young Kim, les enseignants (Guillaume Dégé, Olivier Deloignon, Salomé Risler en plus des précités) échangent pendant deux heures avec les étudiants. “On essaie de suivre leurs projets de A à Z, indique Ju-Young Kim. Ensemble, on réfléchit à la bonne façon de trouver son public. On fait aussi en sorte que les étudiants, qui vivent dans le confort de l’école, en sortent, aillent à la rencontre des galeristes ou des libraires pour se frotter au monde professionnel.” Editrice de livres d’art sous son nom, elle connaît les vertus de la microédition. “On n’a pas besoin d’une grosse maison pour être édité !”

(mis en ligne le 21.05.2017)