Le séminaire Making-Manufacturing, organisé par la HEAR à Mulhouse sur trois journées, propose de confronter les points de vue, de débattre, de questionner des enjeux mêlant art et design.

Robert Morris écrit dans Artforum (1970) : “Je crois qu’il y a autant de “formes” (d’art) à trouver dans l’activité du faire (making) que dans les oeuvres ou produits achevés”.

Notre monde aujourd’hui est un monde où l’homme doit pouvoir assumer le caractère d’abstraction, de dématérialisation, et désormais de numérisation croissantes (P. Lévy). Nous devons pouvoir nous approprier les outils de notre époque, construire, progresser avec eux.

En même temps, il semble nécessaire de s’approprier les choses, de les manipuler, de laisser des traces liées à la manipulation par la main (W. Benjamin). Globalisation, dématérialisation et société du risque (U Beck). Risque nucléaire, risque de confiscation de la pensée par une connexion (P. Virillio) et un contrôle croissants (M Foucault). C’est dans ce contexte – et depuis les années 1990, qu’une pensée du mélangé, de l’hybridation, du bricolé fait son apparition (Th. Golsenne). L’inquiétude, la fascination justifiée, mais aussi la méfiance face à la haute technologie de l’homme modifié a généré l’homme développant des manières archaïques, déplacées, ou déconnectées d’utiliser les outils. Cela dans l’art comme dans l’industrie, comme dans l’artisanat. L’oeil rivé aux écrans reste à distance des images, «dématérialisées», numériques (P. Sloterdijk, P. Virillio). L’oeil va se réapproprier la matérialité en partant de ce qui laisse advenir la matière, ce qui la laisse se transformer, couler, devenir (P. Tosani, M. Blazy).

Les médiums se mélangent, s’hybrident : on cherche à (re-)produire les parasites des écrans cathodiques, la «neige blanche» (W. Janssen). Le numérique se mêle à l’argentique pour la photographie, on cherche à ralentir les technologies, à ralentir peut-être le temps aussi.

L’outil, et l’outil technologique, utilisé par des mains quelquefois sciemment maladroites, se dévoie. L’homme modifié, l’homme augmenté, l’homme machine s’hybride. Les communautés locales se développent et trouvent des moyens de travailler qui défient, ou du moins relativisent l’ordre globalisé.

Car il s’agit de questionner le présent, de déranger les certitudes, de questionner la vérité ou la véracité de ce que notre monde produit. Il s’agit peut-être d’inventer de nouvelles formes de fictions , anticiper le caractère disruptif de l’avenir (David Benqué, Dune et Rabi), de les théoriser (Bernard Stiegler, Vincent Kaufmann).

3 journées

(mis en ligne le 13.10.2017)


Destiné aux étudiants de la HEAR, le séminaire est ouvert aux anciens étudiants et aux professionnels, sous réserves des places disponibles. Plus d’informations : mulhouse@hear.fr