Elisa Ostertag

Année 5

Quand je pense au livre Je pense au geste Ouvrir fermer Comme une boite à musique J’appréhende toujours ce geste Cette ouverture Trouver le bon moment Se mettre dans les bonnes conditions Je passe du temps à manipuler un livre avant de l’ouvrir À décortiquer son anatomie Analyser sa reliure Sentir les différentes épaisseurs de papiers Comprendre comment déplier Pour ensuite replier J’aime son ambivalence Précieux et ordinaire Familier comme étranger J’aime l’idée qu’un livre puisse passer de mains en mains Jusqu’à en devenir gris Que l’on invoque de façon solitaire et avec soin ce qu’il renferme Je me souviens que petite, j’étais persuadée Qu’il ne fallait surtout pas laisser un livre ouvert sur la table Je pensais qu’il y avait un risque Que d’une façon ou d’une autre Les idées ou les personnages des pages s’échapperaient Pour moi Le livre est un corps qui préserve Qui fait survivre Aide à se souvenir Qui donne corps Qui dit Cela existe Cet homme – Cette femme- Ce paysage Cette réponse – Ce silence – Cette dispute Cette faute d’orthographe oubliée à la page 17 Un livre c’est ce qui nous déplace tout en nous gardant immobile C’est ce qui nous permet de parler avec les morts pour se sentir plus vivant C’est comme le dit Mia Couto, une boîte infinie de voix.

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