Bien fait – mal fait – pas fait – un reset

— Norbert Godon travaille en tant qu’artiste et commissaire d’exposition.
Prenant la forme de sculptures, de dessins, de photographies, de vidéos ou de dispositifs sonores, les pièces qu’il réalise partent du désir de donner corps à des représentations mentales : des archétypes issus d’anciennes métaphores que les langues véhiculent à travers leur histoire, des modèles de pensée composant des paysages de données, des architectures et autres volumes schématiques qui développent dans l’espace les structures immatérielles du raisonnement, ou attribuent des formes et des couleurs aux émotions, aux affects et autres états d’âme.
Les expositions collectives qu’il organise en extension de sa pratique s’intéressent également à la manière dont on peut matérialiser les images qui habitent la mémoire collective et en faire apparaître les lieux communs, pour les rendre palpables et permettre de mieux s’en saisir. Les pièces qu’il réalise en tant qu’artiste comme les expositions qu’il organise en tant que commissaire s’intéressent à la manière dont on peut donner corps à des représentations immatérielles, des métaphores, des structures logiques ou des schémas, déployant en volume, et dans des matériaux déterminés par le sujet, les formes impalpables d’un raisonnement ou les couleurs d’une émotion.

Norbert Godon présentera un ensemble d’oeuvres issues de sa production et de celle des artistes avec qui il travaille pour montrer comment des volumes parviennent à matérialiser des concepts, comment des métaphores langagières, des schémas explicatifs et autres modélisations de données peuvent donner lieu à la production d’objets palpables.
Il sera question de l’usage de matériaux non conventionnels, des matériaux dont la valeur affective et symbolique répond aux sujets investis, et du travail qu’ils supposent, nécessitant à chaque fois d’inventer des techniques adaptées, de développer des savoir-faire spécifiques à leur réalisation.
Il s’agira de voir comment ces techniques cherchent à magnifier des matériaux souvent dévalués, destinés à être usés, jetés ou cachés, car employés pour constituer des éléments structurels, des outils ou des consommables. Il s’agira de voir comment ces techniques visent à attirer l’attention sur de tels matériaux, à ce point présents dans notre environnement qu’ils en sont devenus invisibles.
S’éloignant des savoir-faire valorisés par le travail des matériaux nobles, comme la pierre, le bois, le métal, la céramique, le verre ou encore le papier, de telles pratiques échappent aux hiérarchies de genre, de même qu’à la recherche de pérennité qui caractérise le geste artistique. Accordant une attention, un soin parfois méticuleux à des matériaux vulgaires, et pour certains éphémères, elles constituent comme une vanité, renvoyant la recherche de la forme idéale à la condition humaine.

— Yolaine Escande est directrice de recherche au CNRS, directrice-adjointe du Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL, EHESS, Paris, UMR 8566), spécialiste de la pratique et de la théorie des arts graphiques chinois, calligraphie et peinture. Elle a traduit du chinois en français des traités fondamentaux de la théorie de l’art chinois (Notes sur ce que j’ai vu et entendu en peinture La Lettre volée, 1994 ; Traités chinois de peinture et de calligraphie (des Han aux Sui), T. 1, Klincksieck, 2003 ; Traités chinois de peinture et de calligraphie (les Tang et les Cinq Dynasties), T. 2, Klincksieck, 2010 ; Esquif sur l’océan de la peinture de Shen Zongqian, Les Belles Lettres, 2019) et a analysé et présenté leurs principes esthétiques (L’Art en Chine, Hermann, 2001, Montagnes et eaux. La culture du shanshui, Hermann, 2005 ; Jardins de sagesse en Chine et au Japon, Seuil, 2013). .

• Art et artisanat dans la Chine ancienne
A travers la présentation et l’interprétation de plusieurs anecdotes tirées de textes chinois classiques et mettant en scène un artisan face à son employeur, l’intervention visera à examiner le rapport entre art et artisanat et à montrer combien les deux peuvent être proches. Pourtant, la tradition artistique chinoise est a priori généralement très critique à l’égard de l’artisanat ou du travail artisanal ; le paradoxe est que les artistes lettrés traditionnels – qui ne se qualifient pas de tels mais d’amateurs – se réfèrent à des activités artisanales ou triviales qu’ils mettent en avant en les considérant comme un mode idéal de pratique artistique : la technique du charron Lunbian, le métier du menuisier Qing, et même l’esprit du boucher Ding ! La présentation visera à montrer que l’opposition entre art et artisanat ne tient pas et qu’elle relève en réalité de la disposition d’esprit du praticien plus que de sa technique.

— Michel Gouéry vit et travaille à Bagnolet. Après un DNSEP en 1985, il est pensionnaire à la Villa Médicis en 1986-1987. Conférencier au Centre Georges Pompidou entre 1988 et 2010, il enseigne ensuite à l’université d’arts plastiques de Paris entre 1994 et 1999. Depuis 1990, il donne des cours de dessin à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, tout en enseignant dans une école préparatoire aux écoles d’art depuis 2004.

Pendant une douzaine d’années après son diplôme, Michel Gouéry a essentiellement réalisé des tableaux.
La céramique a pris de plus en plus de place vers la fin du siècle précédent jusqu’à devenir son principal médium.
Ses sources sont multiples et vont de l’art ancien aux graffitis en passant par le surréalisme, le modernisme et tous les arts populaires.
Sa fréquentation des musées d’art non-occidentaux se voit également dans ses sculptures (Afrique, Asie, Océanie…).
La vulgarité, le raffinement et la délicatesse se disputent la prééminence dans des oeuvres qui ont parfois l’allure de rébus baroques.
Il se plaît à égarer par les formes mais aussi par les titres qui sont autant d’indices souvent trompeurs.
Si la sculpture polychrome occupe une grande place désormais, une activité de dessin fait également l’objet d’expositions.

— Yoshikazu Goulven Le Maître est né en 1995 à Fukuoka au Japon. Artiste, il vit et travaille à Strasbourg. Après une formation au DMA métal à l’ENSAAMA Olivier de Serres à Paris, il obtient le DNSEP à la HEAR de Strasbourg en 2021.
Il axe sa pratique sur la sculpture et l’installation.
Évoquant les souvenirs de l’enfance, par un geste instinctif entre tension et pulsion, Yoshikazu superpose les matières et les textures, afin de saisir dans sa quête de réalisme, l’intention d’un nouvel artefact.
Façonnant par des moyens simples son inventaire plastique à partir d’objets usés, il remet en question le fonctionnement de notre société de consommation.