Le fait photographique

Une photographie a-t-elle toujours été une image ? De façon ordinaire l’usager emploie la notion générique d’image pour parler de photographie et la pense par métaphore avec les autres images qu’il connaît déjà (dessin, peinture, sculpture, etc.). Ce faisant, il intègre « l’image » photographique au grand tout qui compose les images en général et oublie le rôle que la photographie a joué dans la redéfinition même de la notion d’image, elle-même questionnée depuis plus d’un siècle par les plus grands spécialistes du signe et de l’image.

A ce propos l’Atelier de didactique visuelle de la HEAR se propose de consacrer une journée d’étude à laquelle sera articulée, en partenariat avec La Chambre | Espace d’exposition et de formation à l’image*, une exposition didactique sur le thème même de la photographie.

Parce que l’actualité incite plus que jamais l’Atelier de didactique visuelle de la HEAR à enseigner le langage des images, en conscience des enjeux qui l’engagent, cette journée aura soin de faire se croiser des points de vue de théoriciens et de praticiens de l’image, notamment issus du champ du documentaire, au sens où l’Atelier de didactique visuelle l’approche.

Cette journée d’études aura pour but principal de nourrir une réflexion autour de la nature spécifique du fait photographique quand, en didactique visuelle, l’image photographique doit servir, doit documenter un projet digne de ce nom. Que partage-t-elle, ou pas, avec le dessin, la peinture, les images virtuelles 2 et 3D ? Voire même avec l’image en mouvement.

Image « imagifiée », entrée dans le monde indifférencié des images, image assujettie par les usages du temps d’aujourd’hui, l’image photographique est devenue un objet culturel, tandis qu’en arrière plan, en filigrane, son efficience se poursuit en tant qu’image mentale (voir, viser, capter, prendre), mais aussi en tant que représentation (image vicariale).

* La Chambre : Espace d’exposition et de formation à l’image
4, place d’Austerlitz, 67000 Strasbourg.

Guy Meyer, novembre 2020

Guillaume Chauvin
Photographe
Né en 1987, Guillaume Chauvin est photographe indépendant membre du studio Hans Lucas. Il questionne la subjectivité des images, affirmant son « point de vue documenté ». Il a publié dans la presse nationale et internationale (M Le Monde, Vanity Fair, Society, The Guardian, L’OBS, 6 Mois, Paris Match…), et collaboré avec divers commanditaires (ministère de la Défense, Nike, RSF…). Il développe un travail d’écrivain (éditions Allia, d’éditeur indépendant[Les éditions m’habitent], mais aussi d’enseignant et formateur à l’image, qui plus est photographique.

Bernard Darras
Professeur émérite de Sémiotique à l’Université Paris 1
Bernard Darras est Professeur émérite de sémiotique et de méthodologies de la recherche à l’Université Paris 1. Panthéon-Sorbonne. Ses recherches récentes concernent la sémiotique pragmatiste et cognitive ainsi que la sémiotique systémique appliquées à la culture visuelle, numérique et matérielle. Il est cofondateur du réseau Grand Paris Sémiotique. Il dirige plusieurs sites web sur l’image, et a dirigé une vingtaine de projets interactifs. Il est le fondateur et directeur de la revue internationalede communication MEI. II est l’auteur d’un peu plus de 270 livres, chapitres de livres et articles scientifiques publiés en différentes langues.

Olivia Gay
Photographe
Olivia Gay est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Elle a étudié l’histoire de l’art à l’Université de Bordeaux et la photographie à la New England school of Photography, Boston, USA, avant d’exercer le métier de photographe de presse (1998-2008). Chargée de cours à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne entre 2017 et 2020, elle est actuellement doctorante dans le cadre du programme Radian, Caen-Cherbourg. Sa recherche, intitulée Women at work : images et économie, pour une photographie compréhensive, porte sur la création d’une œuvre photographique picturale et documentaire, et d’une réflexion théorique autour de sa démarche collaborative. Ses travaux ont été exposés à la Maison européenne de la photographie à Paris, au Centre photographique Île-de-France à Pontault-Combault, à la Galerie du Château d’eau à Toulouse ou encore à la Pinacoteca de Sao Paulo, Brésil et à la Fondation MAST à Bologne, Italie. Elle a reçu le Prix GD Fondation MAST en 2010 et le prix spécial Joy Hendricks HSBC en 2018.

Sylvie Hugues
Consultante en photographie et D. A. du Festival du Regard.
Sylvie Hugues est consultante en photographie et directrice artistique du Festival du Regard depuis 2016. Conseillère artistique du Prix HSBC pour la photographie en 2021, elle réalise aussi des lectures de portfolios à la Maison européenne de la photographie, anime une Masterclass avec la photographe Flore, donne des workshops (Rencontres d’Arles, Venezia Photo…), intervient dans des conférences (Mep, Salon de la Photo…), écrit pour des revues (Le Monde de la Photo, Fisheye) et collabore avec la galerie Camera Obscura. En 1992, elle a participé à la création du magazine Réponses photo dont elle fut la rédactrice en chef de 1996 à 2014.
En tant que photographe, elle a publié deux livres : Sur la plage aux éditions Filigranes et Fra-For aux éditions Verlhac. En tant que journaliste, elle a co-écrit Concevoir un portfolio aux éditions Eyrolles et la photo numérique en dix leçons aux éditions Minerva.

Grégoire Korganow
Photographe, Plasticien
Grégoire Korganow commence sa carrière comme photojournaliste en 1991. Il travaillera 20 années durant pour Libération, le New York Times, National Geographic, Marie Claire, Le Monde… En 2001, il cofonde le magazine photo « de l’air ». Il crée et dirige, de 1998 à 2003, la collection de livres photographiques Avoir 20 ans, éditions Alternative. Depuis 2012, il œuvre à des travaux personnels, soutenus par des structures culturelles, des fondations, des institutions. Ses images sont exposées dans des lieux prestigieux : Maison Européenne de la Photographie à Paris,Les Rencontres d’Arles, Visa pour l’image à Perpignan, Three Shadows Art Center, Beijing, Chine,Triennale de Milan, Italie… Parallèlement, son regard sur le corps et ses métamorphoses l’amène à interroger le mouvement, la performance et à pratiquer le matériau filmique.

Alexandra Saemmer
Professeure en sciences de l’information
et de la communication à l’Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis
Alexandra Saemmer est professeure des universités en sciences de l’information et de la communication. Elle codirige le laboratoire CEMTI (Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation) à l’Université Paris 8. Au sein d’un groupe de recherche elle élabore depuis plusieurs années une « sémiotique sociale », qui a comme objectif de produire des connaissances sur la sémiose en documentant le plus finement possible l’interaction entre les vibrations visuelles, auditives, sonores et tactiles articulées au sein d’une production culturelle sur un support matériel, et les filtres interprétatifs mobilisés par un sujet ou une communauté interprétative face à ces matérialités. Alexandra Saemmer s’intéresse en particulier aux productions culturelles numériques et aux pratiques de création artistiques sur des dispositifs industriels (outils-logiciels et plateformes). Elle est également auteure de littérature numérique.