Le trait d’Antoine Maillard nous fait voyager aux États-Unis, dans un décor façon film lynchien, où le cadrage et la lumière nous font presque croire que l’on est véritablement au cinéma. Diplômé de l’atelier d’Illustration en 2015, Antoine Maillard jongle entre des commandes pour le New York Times, le New Yorker ou The Atlantic et la finalisation de sa première bande-dessinée. Rencontre.

Lorsque la conversation avec Antoine Maillard se termine, on est frappé par sa modestie. Son CV compte des illustrations pour les titres de presse américains The New York Times, The Atlantic ou the New Yorker, sans compter les publications pour Télérama, la revue XXI ou le Parisien du côté de l’hexagone. Pourtant, l’illustrateur ne cesse de répéter que c’est une question de timing et de chance. Après son master Bande dessinée à Angoulême, Antoine Maillard postule à la HEAR “sans vraiment y croire”. Il intègre pourtant l’atelier d’Illustration pour un second cycle (ndlr: quatrième et cinquième année). Il réalisera cette année-là sa première commande professionnelle. “Après mon master, j’ai commencé à démarcher des clients car je ne pensais pas être pris à la HEAR. J’ai réalisé un reportage graphique sur le printemps arabe vu à travers le prisme des supporters de foot égyptiens pour la revue illustrée Citrus (éditions L’Agrume)”, raconte Antoine Maillard.

Jeu de ping-pong

Suite à cette première expérience de presse, Antoine Maillard tape dans l’œil de la directrice artistique du New York Times par le biais d’un workshop organisé avec le célèbre magazine américain. Ses illustrations apparaissent trois fois dans le New York Times alors qu’il n’a pas encore passé son diplôme. “C’était un jeu de ping-pong, la directrice artistique m’envoyait l’article à illustrer, je lui faisais une proposition dans l’heure, puis elle me faisait des retours, je faisais les corrections, etc.” se souvient Antoine Maillard, “un jour, je passais mes bilans et je devais en même temps rendre un dessin pour le magazine… j’avoue avoir été plus stressé par mes bilans que pour ma commande !”, s’amuse-t-il.

Le fruit du workshop réalisé avec le New York Times sera exposé dans un premier temps au Musée Tomi Ungerer à Strasbourg, puis dans les locaux du magazine l’année suivant. “Tout s’est enchaîné très rapidement après le workshop et l’exposition : en sortant de l’école, j’avais déjà un portfolio professionnel tout prêt. J’ai pu travailler avec d’autres titres de presse prestigieux, postuler à une résidence en Californie et nouer sur place des contacts avec un éditeur pour ma BD” raconte Antoine Maillard.

Récit horrifique et ados

En effet, l’illustrateur est en train de mettre un point final à sa première bande dessinée, un récit horrifique avec deux adolescents américains en protagonistes. “C’est un thriller qui rappelle les films de David Lynch”, explique l’illustrateur. Fan absolu de cinéma, le dessin d’Antoine Maillard est très cinématographique. Il travaille le cadrage et la lumière comme un réalisateur de film. “J’ai longtemps voulu faire du cinéma d’animation, mais je me suis finalement tourné vers l’illustration pour totalement contrôler ce que je fais”, poursuit-il. À Angoulême, Antoine Maillard explore les mécanismes de la BD et le storytelling, puis développe davantage le dessin, construit un langage graphique et expérimente l’auto-édition à la HEAR. “Deux formations complémentaires.”

Plusieurs éditeurs des deux côtés de l’Atlantique sont intéressés par sa bande dessinée. “C’est vraiment chouette que l’histoire plaise à plusieurs éditeurs”, dit-il, se rendant à peine compte du succès. “C’est le destin, sans cette entrée à la HEAR cette année-là, sans le workshop et le New York Times, je n’en serais pas là” explique-t-il en toute modestie. On continue à sourire devant son humilité. “J’ai fini le scénario de la bande-dessinée, il ne me reste plus qu’à réaliser les pages finales” conclut-il. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que l’on puisse — enfin — découvrir le premier livre de l’illustrateur et se rendre compte si oui ou non tout n’était qu’une question de chance et de timing, même si l’on a déjà la réponse…

Charlotte Staub


— Baccalauréat Economique et Social (ES)
— Un an à Prép’art
— DNAP option Art, mention Bande dessinée à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême (EESI)
— Master Bande dessinée à l’EESI en partenariat avec l’université de Poitiers
— DNSEP Illustration à la HEAR

(Mis en ligne le 29.03.2019)


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Antoine Maillard présente l’exposition California Noir, organisé par Central Vapeur, au CEAAC à Strasbourg jusqu’au 31 mars dans le cadre des Rencontres de l’illustration.