François Malingrëy place l’humain au cœur de ses peintures. Dans ses moyens et grands formats, il invite le public à un voyage immersif dans un monde brut, presque mélancolique. Diplômé de l’atelier Illustration en 2013, l’artiste revient sur son parcours.

François Malingrëy est de ces artistes que l’on peut qualifier de primitif, instinctif. Lorsqu’il s’agit d’expliquer son travail, il n’y a – en fait – pas vraiment d’explication : “Lors d’un bilan en dernière année (ndlr: un bilan permet de faire un point, au cours de l’année, sur le travail, les expérimentations, les références et les recherches de l’étudiant), on m’a demandé ce que je faisais et j’étais incapable de répondre ! Je le faisais, c’est tout, ça venait tout seul !” se souvient François Malingrëy.

Libre

Fils d’un dessinateur de presse, il commence d’abord par l’illustration. Il entre à l’école d’Épinal pour le DNAT Images et narration (Diplôme national d’arts et techniques), puis continue à la Haute école des arts du Rhin où il intègre l’atelier d’Illustration en équivalence. Il hésite à aller en Scénographie, se cherche, puis pourquoi pas rejoindre l’atelier Peinture(s) ? “Finalement, je me suis rendu compte que j’étais très libre en Illustration”, explique le jeune artiste, “les enseignants étaient hyper ouverts, j’ai vraiment pu faire ce que je voulais.”

“François avait toute sa place en Illustration. Au-delà de l’aspect narratif dans son travail, c’était très intéressant d’avoir un étudiant comme lui dans la promo car cela amenait énormément de réflexion sur les frontières très minces entre art contemporain et illustration”, se souvient Salomé Risler, enseignante au sein de l’atelier d’Illustration. “On a très bien vu qu’il avait des choses à faire et à dire en peinture, qu’il ne se destinait pas forcément à l’édition mais on l’a encouragé dans cette voie, c’est important de laisser les étudiants expérimenter et aller vers des chemins qui leur sont propres. Cela permet de faire avancer l’illustration !”, conclut-elle.

C’est finalement à la fin de la quatrième année que François Malingrëy s’affirme en tant que peintre. “Je suis parti un semestre à Bristol, je ne sais pas si c’est le fait d’être déconnecté de mon milieu habituel, mais c’est là-bas que j’ai pris confiance dans mon travail et que j’ai compris que c’était la peinture qui m’attirait”, raconte-t-il. Il se lance alors dans des grands formats : “Je trouve que ce format engage le corps, on se plonge vraiment dedans et l’on pourrait parfois croire que les personnages existent et sont vivants”. Il peint des gens dénudés, jamais complètement dévêtus mais où la chair est prédominante. “Je représente l’intimité mais tout en gardant beaucoup de pudeur.”

Salon de Montrouge

En 2015, François Malingrëy participe au Salon de Montrouge, qui promeut les jeunes artistes contemporains. Il remporte un prix et tout s’accélère : “Montrouge a été très important d’un point de vue professionnel. Les gens viennent là-bas pour découvrir les jeunes artistes, j’ai rencontré des personnes avec qui j’ai travaillé par la suite”. Son prix lui permet également d’être exposé au Palais de Tokyo, “un immense prestige”. La même année, il présente une exposition personnelle à la galerie Bertrand Gillig à Strasbourg. Par la suite, il signe avec une jeune galerie, Galerie T&L, puis avec la galerie Le Feuvre & Roze, toutes deux parisiennes.

Installé dans la capitale, François Malingrëy raconte l’importance pour lui d’être à Paris. “J’ai fait la connaissance d’une équipe de personnes d’à peine 20 ans, hyper motivées, qui voulaient construire des ateliers aux portes de Paris. Je me suis dit que le pari était fou, mais ils étaient déterminés et ils ont réussi ! Pendant 3 ans, j’ai eu un atelier de 25m² pour une centaine d’euros par mois. Le fait d’avoir un endroit dédié à son art rassure énormément les gens avec qui tu travailles, ça a facilité plein de choses”, explique le jeune artiste.

La discussion se termine par les conseils qu’il pourrait donner aux étudiants et artistes en devenir. “Il faut expérimenter, il faut se rater, c’est important ! Si on sent que l’on doit faire quelque chose, il faut le faire. Je suis sûr que si j’avais voulu construire une étagère à l’atelier d’Illustration, j’aurais pu le faire !”, s’amuse-t-il.

Charlotte Staub


— Baccalauréat scientifique
— DNAT Images et narration à l’École Supérieure d’Art de Lorraine – Épinal
— DNSEP Illustration à la Haute école des arts du Rhin


Instagram @francoismalingrey