Le catalogue des diplômes 2025 a été réalisé par Léa Panijel et Jules Labatut, diplômé·es du master Graphic [···] Languages. Lave en fusion et volcans : telles sont les métaphores visuelles choisies pour représenter la nouvelle génération d’artistes diplômé·es de la HEAR en 2025.

Sur un quadrillage figurant l’organisation pédagogique de la HEAR, émerge une forme organique qui contraste avec la rigidité de la grille.
Aux intersections, symboliques points de connexion entre les ateliers de l’école, les échanges et collaborations propres à chaque promotion forment des foyers d’énergie, qui débordent du cadre pour converger dans un phénomène d’éruption.
Spectaculaires, fascinantes, mais aussi imprévisibles et parfois dangereuses, ces manifestations naturelles évoquent la création artistique dans toute sa force et son ambivalence.

L’édito de Stéphane Sauzedde, directeur général de la Haute école des arts du Rhin
Vulcano

Cette année, pour nous faire toucher et voir ce qu’est une école supérieure de création comme la HEAR, les graphistes de Super.Flux qui accompagnent le Festival des diplômes (Jules Labatut et Léa Panijel diplômé·es en 2023 de l’atelier Communication Graphique) mobilisent la puissance des volcans. Leur proposition d’identité graphique est en effet pour partie inspirée des sciences de la terre et de leurs logiques de classification avec arborescence, branches, et sous-branches. Et il est vrai que la HEAR, avec ses trois sites, ses cinq bâtiments, ses départements, options, mentions, ateliers, groupes pédagogiques, promotions d’étudiant·es ou classes d’instrument ou de dominantes, s’organise avec une taxinomie par embranchement qui peut évoquer les tableaux des sciences modernes.
Mais le volcanisme qu’iels invitent dans leur graphisme pour la HEAR, dit aussi l’ébullition basaltique et le feu sous la surface : avez-vous vu les volumes incandescents qu’iels font exister sur les affiches disposées dans l’espace urbain ? Le catalogue que vous avez entre les mains n’a-t-il pas un rapport à la lave et au feu ?

Peut-être qu’il n’a jamais été en effet aussi pertinent d’évoquer le feu et la lave qu’en cette année 2024-2025. Car ce fut à nouveau l’année la plus chaude sur terre, depuis que sont enregistrées les températures globales ; car ce fut une année où prospérèrent des mégafeux incontrôlables, produisant dans le réel, à Los Angeles, des images que l’on croyait de sciences-fiction ; car ce fut aussi une année d’armement, de détonations et d’incendies, et les évolutions géopolitiques planétaires rajoutèrent encore de la chaleur aux feux : enfin, comme si cela n’était pas suffisant en matière de températures, nous sommes rentrés dans l’heure des coupes budgétaires pour les travailleur·ses de l’art et de la culture que nous formons à la HEAR, et nous voyons dans tous les champs professionnels la pression augmenter – des champs de lave ?
Pourtant, nous savons, entre autres grâce aux travaux des immenses vulcanologues mulhousien·nes Katia et Maurice Kraftt, que le feu fait aussi pousser de nouveaux reliefs et produit des possibilités inédites pour le vivant.
À la HEAR, le feu, la lave et la chaleur que nous côtoyons sont riches de cette ambivalence. La boule jaune rougeoyante que dessinent les graphistes de Super.Flux semble juste sortie de la cuve de fusion de l’atelier verre, sa chaleur évoque celle de la salle des fours de l’atelier céramique, à moins que ce ne soit celle de la forge ou des fers à souder, des machines thermiques à haute énergie, fraiseuses, perceuses, découpeuses, laminoirs… qui sont utilisées quotidiennement. Nous voisinons aussi la chaleur avec nos ordinateurs, nos logiciels 3D, nos calculateurs algorithmiques, nos outils IA, nos bancs de montage vidéo et de post-production, nos studios de tournage et autres plateaux équipés avec des dispositifs d’éclairage caloriques. Et que dire des corps qui, parfois durant des heures, répètent des gestes pour dessiner un récit case après case, ou pour incorporer un passage particulièrement ardu d’une composition, avec un accordéon, un violon, un saxophone ou un marimba… Là aussi : énergie, bouillonnement, chaleur.

Une école d’art, de musique, de design et de communication comme la HEAR est un lieu où chaque année des centaines d’étudiant·es apprennent à utiliser la chaleur, les kilowatts et les kilojoules, afin de produire des oeuvres qui, plus tard et ailleurs, serviront de foyer ou de lumière. Définitivement, le catalogue de cette année est une zone d’échange thermique.

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Présentation
204 pages en couleurs. 20€
Imprimé en juin 2025 par Ott Imprimeurs, Wasselone.
30 x 23 cm.
ISBN : 2270-9347


Mis en ligne le 11 juillet 2025