“Sous les angles conjugués de la mode et de la mort, d’une technique efficace et de son apparent déni, de l’éducation supérieure ou de l’exploitation de son absence, nous traverserons en une même journée un certain nombre de surfaces parcourues de courants multiples et souvent contradictoires. Celles de la peau et de ce qui l’habille (Hammen, Fanari), celles de la terre et de ceux qui l’habitent (Heyd). Celle de l’objet et de ce qui le meut (Tastevin, Quinz). Temporalité essentielle de la mode, illustration devenue figure caricaturale de la contingence, Alessandra Fanari voudra se concentrer sur cette apparence qui reste. Comment, à travers une pétrification de la mort, l’architecte ou le designer-dandy interrogent l’héroïsme (une insolente vanité?) déployé par l’individu pour s’exhausser encore, tandis qu’il est définitivement enfoui – s’extraire de la masse indistincte, propose Marie Heyd, d’un ultime compost, se distinguer finalement. Yann tastevin développe un propos où le design échappe aux désormais traditionnelles tentatives de catégorisation entre high et low pour pénétrer le territoire, excitant, du wild. L’introduction à cette wild tech est aussi la tentative de réconcilier des préoccupations techniques, des perspectives d’efficacité et la capacité à d’étranges débordements : la gravité éventuellement tragique d’une pratique du jeu. C’est peut-être aussi celle d’un design radical dont les Italiens balisent les terrains au début des années 70. Emanuele Quinz interroge aujourd’hui la pertinence de constats et d’actions, le projet Global Tools parmi d’autres personnalités saillantes. Une nostalgie critique est-elle possible? Emilie Hammen s’appliquera à poser dans une perspective historique les rapports entre le haut et le bas, sacré et profane, révéré et méprisé. Ou comment la mode (la coiffure, les accessoires, les attitudes qui les accompagnent) trouve des sources d’inspiration décisives dans les manifestations issus des milieux les plus défavorisés, misérables ou maudits, plus souvent réprouvés que dignement invités. En tous ces lieux nous trouverons un distinct esprit qui s’apparente à une résistance. Résistance de la matière, souple ou dure, textile ou minérale. Résistance des procédés mis en oeuvre pour dompter la chose et les mobiles qui devrait la conduire. Résistance des êtres, toujours tendus dans la tentative – souvent dérisoire, quelquefois sublime – de ne pas disparaître dans les brumes de l’anomie, banalisation, massification, corruption. Echapper à la pulvérisation atomique, ruser.”