Séduction et minimum

L’atmosphère est trop souvent irrespirable, les conflits multipliés sont ignobles et leur proximité terrifiante. Les élégances du design en deviendraient tout à fait obscènes. Son indifférence à des temps si troublés une terrible trahison : en comparaison de décennies précédentes, l’évidente démission du design du terrain politique serait pourtant plutôt un leurre. Si les stratégies de conquête toujours recomposées de la marchandise sont d’une force indéniable, le design n’a pas pour autant perdu toutes possibilités de n’être pas seulement le terrain d’élaboration d’une élégante dinette commerciale. Ce glissement vers le silence politique, qui s’est opéré en écho à sa banalisation, est aussi la conséquence d’une tardive victoire. Si son enseignement se développe au moment même où il semble renoncer aux postures contestataires ou seulement bouleversantes, il serait trop expéditif de le concevoir pour autant définitivement inoffensif : aucune école n’est école sans idée, ou sans idéologie (quels que soient, par ailleurs, sa posture ou le discours qu’elle produit sur elle-même). En interrogeant la notion essentielle du minimum à l’aune de la séduction, cette journée espère montrer ce qu’elle ne cesse de receler en termes d’éventuels séismes, quelques possibles fissures comme autant d’appels d’air, tandis que nous étouffons dans des raffinements trop épais.

Matin :

• 10h : Mathilde Pellé, designer
  Elle mène depuis 2016 le projet de recherche “Soustraire”, et emploie la soustraction pour étudier les formes, pour disséquer objets, matériaux, modes de production et pour faire expérience du moins. En appliquant des soustractions aux environnements matériels contemporains admis (notamment domestiques), elle interroge la définition des besoins et insinue une réinvention sensible de nos modes de vie et des formes qui les accompagnent.
• 11h : Daniel Göttin et Gerda Maise, plasticiens et commissaires d’exposition
  Daniel étudie depuis plus de 30 ans l’interaction entre le matériau, l’espace et l’apparence visuelle. Il conçoit et développe des installations en fonction des possibilités offertes par une situation spatiale donnée, à partir de matériaux industriels du site. Il s’intéresse au dialogue entre l’existant et son intervention spécifique, qui rend l’espace et ladite intervention visibles et perceptibles en tant que nouvelle entité temporaire dans le temps.
  Gerda quant à elle transforme, avec des interventions minimes, ce qui existe déjà en quelque chose de nouveau à percevoir. Les espaces intérieurs et extérieurs apparaissent dans une autre atmosphère, ce qui leur donne une nouvelle signification le temps d’une exposition ou pour la durée de leur existence. Son intention est de créer un environnement amenant les visiteurs à réfléchir ou à s’interroger sur leurs attentes quant à ce qu’est l’art et à la manière dont il devrait apparaître.
• 12h : Pierre Ponant, historien et critique du design graphique, commissaire d’exposition indépendant
  Professeur à l’École d’enseignement supérieur d’art de Bordeaux, son propos se recentre dès 1996 sur le design graphique et il coproduit avec le Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont les expositions “Approche” et “Vues de presse”. Il est l’auteur de nombreux articles sur la direction artistique de revues et magazines (publiés notamment dans Graphisme en France en 2015 et de façon régulière dans Magazine). Depuis 1997, il collabore en tant que visiting lecturer  à l’École cantonale d’art de Lausanne (Suisse). Il intervient également régulièrement comme conférencier sur l’histoire du graphisme et promeut cette discipline comme un axe de recherche à part entière.

Après-midi : temps d’échange dans l’école ou en extérieur selon météo.

— Mardi 14 novembre 2023
Site Art et Design, Amphithéâtre
3 quai des Pêcheurs à Mulhouse
Priorité aux années 4 et 5 Design, Design textile et Art
Ouvert à tou·tes dans la limite des places disponibles