Strasbourg, La Chaufferie

Invitée à exposer à la Chaufferie, jagna ciuchta invite à son tour rose-mahé cabel et ïan larue. Les trois artistes investissent la galerie de l’école avec une exposition multiforme qui allie éléments disparates et médiums divers, dans l’idée de construire une unité plus belle encore. L’exposition sera ponctuée de la performance Weaving mutation par rose-mahé cabel les 17 juin et 02 juillet.

Déjà s’annonce une perspective féministe et queer, résolument orientée – dans le devenir sans promesse qui est aujourd’hui le nôtre – vers l’espoir que suscitent de fortes alliances. Cette exposition multiforme a le projet d’allier les médiums les plus divers et de voir comment peut se construire, avec des éléments disparates, une unité plus belle encore. Nous rêvons d’une exposition en perpétuelle évolution, qui se dilate dans le temps.

 

rose-mahé cabel est un plasticien performeur chercheur qui fait de sa vulnérabilité un être au monde. En creusant la faille de la fragilité, du soin, de l’attention, du changement de perspective, le travail de Rose-Mahé Cabel questionne la rationalité et l’ordre établi. Avec la mutation comme dispositif, la dédicace comme langage et l’organique comme matériau, l’œuvre touche, bruisse, froisse, colle à la déviance afin d’écrire des contre-récits des entre-mondes et des mythologies non binaires. (Céline Sabari Poizat, Nonfiction)
Page Instagram de rose-mahé cabel

 

ïan larue est une artiste non binaire qui a par ailleurs écrit de nombreux livres féministes (dont Dis, papa, c’était quoi le patriarcat ? éd. iXe, Histoire de l’art d’un nouveau genre, Max Milo et Libère-toi cyborg !, Cambourakis). Sa peinture fait état de la haine que les humains semblent se porter à elleux-mêmes : c’est une espèce qui ne s’aime plus et dont le sentiment de la beauté, miné par les normes de genre imposées aux corps occidentaux, se réfugie dans la mer et les fleurs noyées. À partir des recherches archéologiques de ce que Marija Gimbutas a appelé “déesses” et dont on ignore encore le rôle culturel précis, ïan tente de faire sortir les corps du carcan social qui les assigne. De petites statues en cire de fossiles imaginaires de déesses marines permettent de s’inventer une autre corporéité, un autre rapport au monde que la « binarité équilibrée » qu’on nous présente sans cesse comme un modèle irréductible et immanent. Ne descendons-nous pas d’un poisson, le tiktaalik ? Matérialiser de telles formes permet de prendre de la distance par rapport à toutes ces incarnations humaines sociales, publicitaires, internautiques et délétères.
Page Instagram de ïan larue

 

L’invitation à d’autres artistes est, chez jagna ciuchta, une pratique à part entière. Sous la forme d’expositions collectives, son œuvre est un vecteur de relations affectives et esthétiques, en même temps qu’elle interroge son rapport à l’institution et au milieu dans lequel elle s’inscrit. Ses propositions mettent en scène la confusion de soi et des autres dans une forme d’hospitalité radicale qui, chargée d’un certain érotisme conduit à une forme d’effacement de soi, de glissement continu, d’instabilité des formes. À travers l’incorporation d’œuvres dans ses scénographies ou ses photographies, jagna ciuchta disparaît derrière la figure du commissaire (elle parle de “commissariat naïf”), d’un autre point de vue, les artistes invité·e·s sont tout autant contenue·s en elle, assimilé·e·s voire digéré·e·s par sa composition, en pleine conscience des risques de cannibalisation réciproque inhérents à l’accueil ou au désir de l’autre. L’œuvre de jagna ciuchta se tient dans la tension entre ces deux polarités.
Site de jagna ciuchta
Page Instagram de jagna ciuchta

 

Voir la page agenda de la performance Weaving mutation 3/3
Voir l'album photo de l'exposition par © Antoine Lejolivet - HEAR
Télécharger la feuille de salle
Voir la page de La Chaufferie, galerie de la HEAR


— Du vendredi 12 mai 2023 au dimanche 2 juil. 2023
La Chaufferie, galerie de la HEAR
5 rue de la Manufacture des Tabacs — Strasbourg
+33 (0)3 69 06 37 77

Vendredi, samedi, dimanche de 14 h à 18 h et sur rendez-vous
Horaires d’ouverture élargis lors du week-end des diplômes
du 30 juin au 2 juillet : de 13 h à 19 h
Entrée libre
— Vernissage jeudi 11 mai 2023 à 18 h 30
— Performance en trois temps par rose-mahé cabel les 11 mai, 17 juin et 02 juillet.