Quiconque s’est déjà aventuré au sous-sol du bâtiment historique de la HEAR à Strasbourg a sans doute aperçu le local de la récupérathèque de l’école, la bien-nommée Pioche. Installée depuis février 2017, la Pioche est un lieu de récupération et de réemploi des matériaux, ouvert à tous les étudiants.

C’est à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon que naît en 2015 la première récupérathèque. Séduit par le principe, une bande d’étudiants de la HEAR à Strasbourg décide de se lancer et contacte les instigatrices du projet. “Nous sommes entrés en contact avec l’école de Lyon et avons monté un partenariat pour lancer notre propre récupérathèque. Ils nous ont vraiment aidé à monter ce projet !” explique Martin Albouy (3e année Art–objet Métal), l’un des 8 membres du bureau de la Pioche.

Développement durable

Mais pourquoi créer ce genre d’initiative à la HEAR ? “Il y avait énormément de matériaux laissés à l’abandon dans les couloirs et dans les salles de cours et parallèlement on voyait les énormes bennes de l’école remplies à ras bord, on s’est dit qu’il fallait vraiment faire quelque chose !”, poursuit Martin. Dans un souci de développement durable et de minimisation de son impact sur l’environnement , la Pioche a pour but de récupérer toute sorte de matière première (bois, verre, métal, textile, papier) et de développer le réemploi de ces matériaux. “On a vraiment vu un avant et un après ! L’école est beaucoup moins encombrée et surtout, les étudiants ont désormais le réflexe de déposer à la Pioche les matériaux qu’ils n’utilisent pas au lieu de les jeter”, s’enthousiasme Martin.

Cockpit

L’association a également développé des partenariats avec des structures de la ville pour récupérer du matériel voué à la benne. On peut citer Bretz’Selles (roues de vélo et guidons usagés retrouvent une deuxième vie !) Lana Papiers ou l’Opéra national du Rhin. “L’Opéra nous ouvre de temps en temps son lieu de stockage, c’est énorme, on y trouve des trésors parfois ! Un jour, on a rapporté à l’école un cockpit d’avion… Pas à taille réelle, mais on pouvait entrer à l’intérieur !”, se souvient Martin.

Monnaie virtuelle

En plus de l’aspect “green”, la récupérathèque strasbourgeoise a développé un système d’économie circulaire. À la Pioche, pas d’euros, mais des pépites ! Pour chaque adhésion (celle-ci avec du vrai argent – 5 euros – comme le veut la juridiction sur les associations de droit local alsacien–mosellan), le nouveau membre reçoit 10 pépites. Cette monnaie virtuelle lui permet d’acheter des matériaux dont le prix est fixé selon son état, son poids et sa valeur sur le marché. Mais Martin Albouy précise : “on ne fait pas de marge sur les produits ! Il n’existe pas de cours boursier du tasseau en bois !” Et pour renflouer son porte-monnaie de pépite, chaque membre a la possibilité de donner des matériaux à la Pioche et se verra créditer selon ce qu’il a rapporté.

Aujourd’hui, la Pioche estime toucher de 60 à 80% des étudiants de la HEAR à Strasbourg et compte développer davantage les partenariats. L’association fait également partie de la Fédération des Récupérathèques (bureau national) créée début 2018 et qui espère déployer ce principe écoresponsable dans un maximum d’écoles.

Charlotte Staub

(mis en ligne le 15.11.2018)


La page Facebook de la Pioche

Les permanences de la Pioche : mardi, jeudi et vendredi de 12h à 14h + jeudi de 17h à 18h