Fin novembre, un workshop fabophile associait des étudiant·es de l’Option Art-Objet et le duo de céramistes JJ von Panure autour de la fabrication de fèves en faïences. En partenariat avec le CEAAC, ces appétissantes créations ont fait l’objet d’une dégustation autour d’une galette géante ce vendredi 6 janvier, jour d’épiphanie, en plein cœur de l’exposition Au bonheur au CEAAC.

Objet de collection, la fève s’acquiert soit par la chance, soit par la chine dans les vide-greniers et les salons de collectionneurs. Support d’un imaginaire collectif religieux, sociétal, publicitaire, historique ou artistique, cet objet invite à l’accumulation des sujets. À l’origine simple haricot sec, il prend ses racines dans la culture païenne et carnavalesque et soulève donc les notions de surprise, de hasard et de trompe-l’œil.

Au cours de deux jours d’un workshop « Fabophile » en novembre dernier, le duo de céramistes JJ Von Panure (Anastasia Gaspard et Leïla Fromaget) et les étudiant·es de l’option Art-Objet ont exploré ensemble la lisière entre les traditions de la sculpture et de la fève. Ce vendredi 6 janvier, une partie des fèves créées étaient ainsi exposées au sein de l’exposition Au Bonheur.

Pour l’occasion, le plasticien et boulanger du Wegele Hervé Bohnert préparait une galette des rois briochée au décor lugubre d’1 mètre de diamètre pour 11 kilos dégustée avec plaisir par 230 convives. Le clou du spectacle : un couronnement dans les règles de l’art avec une fève en faïence cloutée conçue par l’étudiante Fanny Coll.

L’exposition Au Bonheur prend appui sur le passé commercial du bâtiment Art nouveau abritant le CEAAC en se jouant des typologies d’objets en vente du tout début du XXe siècle aux années 1960 dans cet ancien magasin de faïences, porcelaines, verreries, luminaires et articles de ménage. En replaçant l’ « objet de commodité » dans une perspective culturelle, l’exposition s’intéresse à la « vie sociale des choses » (Arjun Appadurai). Les objets qu’elle rassemble témoignent de la manière dont l’idéologie peut s’inscrire dans la forme, et du pouvoir attribué à celles et ceux qui les fabriquent, les choisissent et les disposent. De possibles glissements s’opèrent entre leurs différents régimes de valeur (d’usage, d’échange, culturelle, plus-value). La décoration devient ici un vecteur d’autorité, de subversion et d’émancipation. Le projet est aussi l’occasion de proposer des céramiques utilitaires à la vente, dont la sélection découle d’une prospection de plusieurs mois dans des ateliers de potier·es en Alsace. Commissaires : Alice Motard et Joël Riff.

La HEAR est reconnue pour la variété de ses ateliers et équipements techniques, permettant aux étudiant·es de découvrir ou d’approfondir un grand choix de pratiques, aux côtés d’enseignantes et d’enseignants spécialisés. Ainsi, à Strasbourg, la mention Art–Objet forme des artistes à travers la pratique expérimentale de différents médiums (Bijou, Bois, Livre, Métal, Terre/Céramique, Verre) portés par six ateliers qui partagent une même attention aux matériaux et à leur mise en œuvre dans l’élaboration du projet artistique.

Cet événement était coordonné par les enseignant·es de l’option Art-Objet Ju-Young Kim (Livre), Yeun-Kyung Kim (Verre), Florence Lehmann (Bijou) et Clémence Van Lunen (Terre-Céramique) et par Alice Motard et son équipe au CEAAC.

 

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Agathe Perrenoud – Mis en ligne le 10 janvier 2023