Expérimenter la représentation de phénomènes physiques complexes et impalpables, tel est l’objectif du projet Design et Science. Rencontre avec Maria Calzolari et Clara Deprez, qui y ont participé dans le cadre de leur DNSEP en Communication graphique à la HEAR.

Le projet Design et Science rassemble un groupe pluridisciplinaire (étudiantes en Communication graphique à la HEAR, en Design projet à la faculté des arts de l’Unistra, mais aussi étudiantes en Communication scientifique et doctorantes en physique des particules) autour d’un projet de workshop prévu dans les locaux du CERN (European Organization for Nuclear Research).

Expérimenter de nouvelles représentations de phénomènes physiques complexes et impalpables, tel est l’objectif de ce projet initié à la rentrée 2020 par Julia Coffre, de l’université de Strasbourg. Afin de créer une dynamique au sein de ce groupe pluridisciplinaire, c’est pour leur faculté à développer un langage personnel et original au cours de leurs études que la designer a souhaité convier des étudiants de la HEAR à ce projet, les collaborations avec la Faculté des arts étant fréquentes.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à ce projet Design et Science ?

Maria : Avant d’arriver à la HEAR, j’ai fait une licence « Design et Art » à Bolzano, en Italie. Je m’intéressais déjà au croisement entre les disciplines : pour divers projets, j’ai lu des articles scientifiques sur le corps humain ou la biologie. En tant que non experte, c’est comme un jeu d’essayer de les interpréter ! Mais je n’avais jamais travaillé directement avec des scientifiques. Dans ce projet, j’ai aimé utiliser la communication visuelle pour expliquer des concepts compliqués, et concrétiser ça en rencontrant des scientifiques.

Clara : Je me questionnais déjà sur les relations entre science et design, sur les artistes qui s’inspirent de la démarche scientifique par exemple. Participer à ce projet permettait de prolonger ce questionnement, de voir comment les deux domaines se nourrissent et se rejoignent. Avant d’intégrer la HEAR, pour sa pluridisciplinarité et la diversité des projets, j’ai étudié le design graphique en école d’art à Rennes. Les sujets qu’on me donnait, je les orientais vers cette approche méthodologique qu’ont les scientifiques.

Comment avez-vous abordé une thématique scientifique complexe, qui plus est au sein d’un groupe pluridisciplinaire ?
Maria : Pour chaque problématique, je réfléchissais à ce que je voulais faire ressortir, puis à la méthode et au support qui s’y adaptaient le mieux. Le but était de proposer une autre narration des concepts scientifiques, de contourner les difficultés d’explications. C’est très intéressant d’utiliser l’analogie entre les langages du scientifique et du designer pour décrire un concept.
Clara : Au départ, je voulais que mes créations soient juste scientifiquement. Par la suite j’ai pu me détacher de certains éléments scientifiques. C’est un réel challenge de représenter des notions très complexes, que même les scientifiques ont du mal à appréhender complètement ! Je me suis inspirée de méthodes de designers (relation texte/image, trame, typographie…) pour les appliquer à ces sujets scientifiques.

Que vous a apporté ce projet, a-t-il modifié votre regard sur la science ?
Maria : Ce projet a confirmé mes intérêts pour le croisement des disciplines. Les interactions avec les scientifiques étaient enrichissantes, elles nous aidaient à rester cohérentes, en étant très ouvertes sur ce qu’on proposait. Ce projet m’a aussi beaucoup apporté d’un point de vue humain et relationnel, j’ai apprécié changer de perspectives aux côtés de personnes qui ne sont pas de notre domaine.

Clara : Ma vision de la science s’est précisée et affinée. J’ai beaucoup aimé travailler avec des personnes d’horizons différents. Avec les étudiantes de l’université, nous avons échangé des astuces sur des aspects techniques, afin d’aider les scientifiques à mettre en application leurs idées. Cela m’a encouragée dans ce que je faisais, j’ai pu développer de nouvelles méthodes de travail.


Propos recueillis par Léa Fournasson et Elise Lachat, du master Communication scientifique de l’université de Strasbourg • mise en ligne le 28 avril 2021.