Emmanuelle Bischoff travaille entre Paris, Berlin, Bruxelles et son Alsace natale pour le théâtre, la danse et parfois l’opéra. Diplômée de la mention Scénographie en 2004, elle se voit comme une sage-femme qui accompagne les metteurs en scène, les chorégraphes, les acteurs et les danseurs, dans l’accouchement artistique de leur oeuvre.

La scène, Emmanuelle Bischoff la côtoie depuis l’âge de 9 ans. “Je voulais être comédienne, j’ai commencé le théâtre très jeune”, raconte-t-elle. Mais elle choisit de se tourner vers des études d’arts plastiques après le baccalauréat, tout en gardant un pied sur scène. “Je faisais principalement des installations avec une forte dimension textuelle. Mon rapport au texte a toujours été très présent”, se souvient-elle. Partie à Bruxelles pour étudier la mise en scène, elle y découvre la scénographie. “Je trouvais que la scéno était une parfaite synthèse entre ma formation d’arts plastiques et mon envie de scène.”

Personnalité

La scénographie lui permet de trouver un rapport plus juste avec la scène. “Lorsque j’ai découvert la scénographie, j’ai complètement arrêté de jouer. Je n’arrivais plus à gérer le rapport parfois complexe à ma propre personne, cette confusion si présente entre ce que je faisais et qui j’étais, ce besoin de reconnaissance constant…”, explique Emmanuelle Bischoff. Elle se tourne alors vers la HEAR (alors École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg) pour se consacrer à 100% à la scénographie. “Je voulais entrer aux Arts déco pour rencontrer Pierre-André Weitz (ndlr: scénographe et enseignant de la mention Scénographie) dont j’admire le travail.”

Étudiante studieuse, elle multiplie les stages et les rencontres dans le milieu du spectacle. “J’avoue que je n’ai malheureusement pas beaucoup participé à l’ambiance festive de l’école ! J’étais tellement déterminée que je ne faisais que travailler”, raconte Emmanuelle Bischoff en plaisantant. “Si je peux donner un seul conseil aux étudiants, c’est de se poser rapidement ces questions : qu’est-ce que je cherche dans cette école ? Comment peut-elle être un outil pour moi ? Qu’est-ce que je ne veux pas faire dans mon métier ? etc. Ça fait gagner énormément de temps à la sortie”, explique-t-elle. En effet, elle démarre sa vie de scénographe sur les chapeaux de roues. “Le lendemain du diplôme, Olivier Chapelet (ndlr: directeur du TAPS) m’appelle pour me proposer de l’accompagner sur une pièce car sa scénographe avait quitté le projet, puis Pierre-André Weitz a pensé à moi pour l’assister sur un opéra. Mon vœu le plus cher à l’époque ! Tout est allé très vite !”

Sage-femme

Après plus d’une quinzaine d’années en tant que scénographe, Emmanuelle Bischoff aime se définir comme une sage-femme. “J’aide le metteur en scène à accoucher de son idée, je l’accompagne dans son processus créatif. J’adore ces moments de discussion, de recherche, je repère les mots-clés, je traduis ses intuitions, c’est passionnant”. Elle voit son expérience de comédienne comme un plus dans son travail de scénographe. “Si je n’avais pas éprouvé la scène, je n’aurais sans doute pas pu être aussi sensible aux besoins et difficultés des acteurs. Il m’importe que tout se passe dans un travail collectif. Si mes scénographies présentent des contraintes, ça sera toujours comme un appui pour le jeu”, explique-t-elle.

Elle définit sa démarche artistique comme minimaliste plutôt que baroque. “Je vais davantage aller vers la ligne que vers l’ornementation. J’essaye de mettre sur scène ce qui va servir l’acteur et le metteur en scène. L’espace doit être un partenaire de jeu, je ne veux pas l’encombrer”, explique Emmanuelle Bischoff. “J’ai un rapport à la dramaturgie très important. Il y a ce processus de dialogue entre le texte, le metteur en scène et la réalité du plateau qui me passionne”

Sa fin d’année est chargée : en juillet, elle sera au théâtre à Strasbourg pour un spectacle jeunes enfants d’Anne-Laure Hagenmuller, puis une pièce de théâtre de Tchekhov mise en scène par Olivier Chapelet, une pièce de Feydeau à l’Espace K mis en scène par JL Falbriard et pour finir 2019 elle sera à Angers pour la première de Family Machine, une création de Brigitte Seth et Roser Montlló.

Charlotte Staub


— Baccalauréat littéraire option mathématiques
— Maîtrise d’arts plastiques à l’Université Marc Bloch (Strasbourg)
— Études de mise en scène à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (Bruxelles)
— DNAP et DNSEP mention Scénographie à la HEAR (Strasbourg)


Le site internet d'Emmanuelle Bischoff