


Lama elCharif est l’heureuse lauréate de la 6e édition de la Bourse du multiple Louise Desrosiers pour son projet de livre d’art performatif !
La Bourse du multiple Louise Desrosiers, financée grâce à de nombreux dons en hommage à Louise Desrosiers, diplômée 2006 de la HEAR, a pour objectif de permettre à de jeunes diplômé·es de l’école de pouvoir bénéficier d’une aide à la production de pièces artistiques dans ce moment charnière que sont les premières années d’après-scolarité.
Sa sixième édition, qui s’est tenue le vendredi 27 juin 2025 à l’occasion du Festival des Diplômes – HEAR and Now, a récompensé le travail de Lama elCharif (DNSEP/Master Art-Objet Livre, 2024) par un soutien de 3 000 € pour son projet de livre d’art composite et poignant mêlant à la fois réflexions plastiques, performatives et poétiques.
Le projet
Née et ayant grandi à Saida (Liban), Lama elCharif, artiste libano-palestinienne, arrive en France en 2020 pour y poursuivre ses études à la HEAR. Son travail de la poussière et du lambeau fut durablement marqué par l’expérience de la guerre et cherche, de son propre dit, « à habiter des lieux d’exposition par des objets qui dessinent des espaces domestiques, et à meubler des espaces domestiques avec des objets qui en font des lieux d’exposition ».
Cette recherche de longue haleine ayant jalonné l’entièreté de sa démarche artistique fut admirablement illustrée par le projet ci-présenté pour la Bourse du multiple : un « objet-poème » puissant et véritable livre d’art performatif, se présentant sous la forme d’une petite boîte qui sera éditée en cent exemplaires. Relié-main et pensé pour être distribué par de petites structures entre l’Alsace et le Liban, l’ouvrage serait composé d’un grand tube d’hôpital en latex dépliable et accrochable au long duquel un poème trouverait sa marque : écrit de révolte et de désespoir, du cœur et de l’âme en peine mais aussi résilients par l’anodin d’un quotidien parfois déchirant ; toujours à corps et à cri contre l’Histoire.
Le texte en question, enregistré sur la bande d’une cassette audio d’une vingtaine de minutes, pourrait ainsi être écouté, virtuellement comme physiquement performé – « ressenti, vécu ». Lama explique : « un jour, sur le sol dans le noir, à Saida, sous un bombardement, j’attendais le lever du jour. Cette œuvre s’est construite quand, au lieu d’attendre, j’ai fui la cage d’escalier pour aller me servir une assiette du plat de pâtes que ma mère avait laissé sur la gazinière. Un couvercle le protégeait des débris ». Les pâtes sont désormais devenues simples bouts de plastiques, ces cassettes brefs fragments de paroles. Leurs reliures ? lieux d’exil et de refuge à la fois, voix d’autrui comme de tout un chacun. Ce projet a récolté, à l’unanimité, les voix du jury.
La Bourse lui permettra donc de produire artisanalement chacun des exemplaires de l’objet en l’aidant à se procurer tous les matériaux nécessaires : cassettes, latex, reliure, sérigraphie … et d’en aider à la diffusion, idéalement prévue à partir de décembre 2026. Félicitations à elle !
Le jury 2025, présidé par Sandra Adam-Couralet, conservatrice des collections à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, était composé de Jean-Pierre Bouleau et de Laurence Ravanel (Association des Amis de Louise Desrosiers) ; d’Emmanuelle Castellan, professeure en Art sur le site d’arts visuel de Strasbourg ; du Duo Ziriab (Lisa Meignin et Gaspard Schlich), artistes lauréat·es 2024 de la Bourse du multiple, tous·tes deux diplômé·es de la HEAR – Musique et de Vincent Noir, professeur en Design textile sur le site d’arts visuels de Mulhouse.
Merci à tous les donateur·ices de la bourse du multiple Louise Desrosiers.
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La page Instagram de Lama el Charif
• Mis en ligne le 3 juillet 2025