Version allégée de l’opéra de Rossini à destination du jeune public, Cenerentolina est le fruit d’un travail commun entre l’Opéra national du Rhin et la HEAR. Zoom sur une collaboration exemplaire.

Responsable jeune public de l’Opéra national du Rhin, Hervé Petit nous prévient d’emblée : « La complicité avec la HEAR est ancienne. Cela fait plusieurs années que nous imaginons ensemble des projets impliquant nos forces vives, comme Le Garçon et le Poisson magique au cours de la saison 2018-2019. » L’objectif ? « Monter une production avec des artistes en voie de professionnalisation », résume-t-il, puisque ces partenariats mobilisent aussi bien des instrumentistes de l’Académie supérieure de musique que les membres de l’Opéra Studio. Pour Keiko Murakami, conseillère aux études supérieures et coordinatrice du projet au sein de la HEAR, de telles initiatives « permettent à nos étudiants d’évoluer dans un cadre professionnel. C’est une mise en situation et une immersion à 100% dans la création d’un opéra (avec costumes, maquillage, décors, etc.). Une véritable première pour nombre d’entre eux. »

Cette saison, une version de poche (impliquant quatre chanteurs et dix musiciens, répartis en deux distributions) de La Cenerentola de Rossini est au menu. Destinée aux enfants (à partir de cinq ans), cette production a été chahutée par la pandémie : si seules deux représentations ont pu avoir lieu dans deux écoles de Mulhouse (les 17 et 18 mai), une partie des dates strasbourgeoises a pu être sauvée à compter du 19 mai, dans la Salle Bastide, le Foyer de l’Opéra de Strasbourg, comme initialement prévu, la réouverture des théâtres rendant possible cette solution.

« Nous avons fait une première lecture de la partition avec Nicolas Chesneau – qui en a assuré l’adaptation pour cinq instruments – en janvier pour en avoir une vision globale, mieux connaître le contexte et évoquer, par exemple, les tempi », explique la violoniste Émilie Mellardi (étudiante dans les classes d’Ana Reverdito-Haas et Hédy Kerpitchian-Garzia). Ensuite, tout est allé très vite : « Avant la générale, nous avons eu six heures de répétition avec les chanteurs en tout et pour tout. C’était très intense », résume le clarinettiste Alexandre Morard (étudiant dans la classe de Jean-Marc Foltz). Encore quelques calages avec Nicolas Chesneau et tous étaient prêts à plonger dans le grand bain. « Pour moi, cette expérience a été très formatrice », affirme Émilie. Et de poursuivre : « C’était la première fois que je faisais de l’opéra. Comme il n’y a avait pas de chef, je devais donner les départs, les tempi… Il fallait en outre s’habituer à créer un son ensemble. » Le ressenti est tout aussi enthousiaste chez Alexandre (qui avait déjà joué dans une version réduite des Nozze di Figaro initiée par la cheffe Laure Deval, en 2019) : « Cette projection dans le métier est très stimulante, d’autant que nous sommes hyper exposés dans cette Cenerentolina, la mise en scène installant les musiciens sur scène. Il importe de trouver en permanence les justes équilibres pour faire de la musique tous ensemble, musiciens et chanteurs. »


Hervé Lévy • mis en ligne le 7 juin 2021