Après des journées d’étude riches et deux fructueux reportages sur le terrain, l’équipe professorale encadrant le nouveau parcours Nomade à Mulhouse (Didier Kiefer, Bertrand Lemonnier et Nathalia Moutinho) répond à quelques questions sur son origine et son devenir.

Qu’est-ce qui a inspiré ce projet ? Est-ce une proposition des professeur·es, une demande des étudiant·es, ou les deux ?

Didier Kiefer a proposé ce parcours, dont l’idée a germé suite à différents projets sur le low-tech et au cours intitulé « Braconnage » en section Art. Ces initiatives ont suscité de l’intérêt auprès des étudiant·es et c’est cela qui nous a amenés à réunir design et art autour de problématiques partagées et dans un objectif de transdisciplinarité.

Notre volonté était de permettre la relation entre l’art et le design, autour des questions politiques et sociales en lien avec une transition socio-écologique pour comprendre et participer aux changements environnementaux. L’urgence de développer un imaginaire, une intention créatrice en parallèle d’une capacité à produire de la nourriture, à maîtriser les besoins en eau, un habitat et une énergie en respectant la logique du vivant. Cela en ayant pour objectif ce que l’on pourrait nommer “l’autonomie première” d’une personne.

Qu’est-ce que ce parcours offrira aux étudiant·es qu’ils/elles ne peuvent pas trouver à l’heure actuelle au sein de l’école ?

Ce parcours propose une réflexion décloisonnée et transversale. Il souhaite (re)mettre l’autonomie et les questions environnementales au cœur des préoccupations tout en offrant un accompagnement pédagogique sur ces questions. Et pour cela, nous invitons des intervenant·es, chercheur·ses et professionnel·les de tous horizons dans un effort singulier pour établir un nouveau rapport de l’artiste au collectif, mais aussi un nouveau rapport de l’artiste au vivant.

Nous allons également à la rencontre des personnes ressources autour de ces thématiques, comme lorsque nous nous sommes rendus à Ungersheim fin octobre pour y rencontrer le maire qui nous a parlé de ses “21 projets pour le 21e siècle”. Ou encore lorsque nous avons rencontré un garde forestier de l’ONF pour nous parler de l’état des forêts, puis une maraîchère qui aborde le rapport au nourricier… Créer un réseau de connaissances – aux sens de savoirs et de relations – voilà la plus-value de ce parcours.

Quelles potentialités et opportunités professionnelles entrevoyez-vous pour les étudiant·es ayant suivi ce parcours ?

Les étudiant·es participant sont invité·es à développer des projets au sein de collectifs, mais aussi à constituer un réseau de partenariat. Il y a là un véritable aspect professionnalisant : on leur présente autant que faire se peut des exemples concrets, qui donnent envie de prendre part à des projets collectifs sans pour autant occulter les difficultés potentielles.

Et on les encadre pour qu’ils et elles apprennent à détailler une fiche technique, définir un besoin, rédiger une note d’intention, bref : monter un projet que l’on peut ensuite communiquer à d’éventuels partenaires. Outre les rencontres et l’expérience acquise, les étudiant·es exercent ainsi leur faculté d’observation, d’analyse, leur esprit critique et s’imprègnent de compétences qui pourront leur resservir dans n’importe quel champ d’activité.

Quel avenir imaginez-vous pour cette initiative ? Ce parcours sera-t-il pérenne ?

Nous espérons effectivement pérenniser cette initiative. Non plus sous la forme d’un parcours, pas sous celle d’un diplôme, mais plutôt en tant que programme de recherche à part entière. Des projets concrets et durables ont d’ailleurs déjà vu le jour autour de cette recherche pour relier l’art et le vivant : une association et un jardin partagé ont par exemple été créés à la HEAR à Mulhouse.

Lire la présentation du parcours Nomade

Propos recueillis par Anaïs Jean • Publié le 10 novembre 2021