Fait rare pour un pôle d’enseignement supérieur, l’Académie supérieure de musique de Strasbourg – HEAR dispose de son propre orchestre symphonique (150 étudiants), en plus de trois autres ensembles dédiés à la musique de chambre, à la musique baroque et la musique contemporaine.

Gilles Oltz, conseiller en études supérieures et responsable de l’accompagnement culturel de l’Académie, détaille l’intérêt pédagogique d’une telle démarche, point d’orgue de la professionnalisation des étudiants.

Dans quel cadre s’insère l’orchestre symphonique de l’Académie ?
Les étudiants peuvent préparer une Licence/DNSPM, le DE, diplôme d’état, et également un Master. Trente-deux disciplines (ou dominantes) – toutes celles de l’orchestre – sont représentées et ouvrent deux possibilités : l’enseignement et les métiers de l’orchestre, soliste et tuttiste. Il s’agit de créer les situations dans lesquelles ils vont se retrouver après leurs études et de varier les rencontres et les programmes : des Symphonies de Brahms au Sacre du printemps de Stravinsky. Le travail de l’orchestre symphonique est énormément basé sur un travail d’écoute, de mise en place et de positionnement de chacun des musiciens. Il est essentiel pour devenir un musicien complet.

Trois sessions d’orchestre symphonique ont lieu par an, comment se déroulent-elles ?
Il y a toujours un chef invité : Theodor Guschlbauer (a dirigé l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Orchestre de la Scala de Milan, Orchestre philharmonique de Vienne), Claude Schnitzler (a dirigé l’Orchestre de l’Opéra de Paris, Orchestre philharmonique de Radio France, Orchestre national d’Île-de-France, etc.) ou Julia Jones (ancienne cheffe d’orchestre de l’Orquestra Sinfónica Portuguesa), par exemple. Chaque session est organisée sur une semaine avec deux services de 3 heures par jour. Les répétitions ont lieu du lundi au jeudi, puis la répétition générale le vendredi matin, un premier concert le soir, un raccord le samedi et enfin un second concert. Les étudiants auront préalablement approfondi leurs parties avec les enseignants. Ce qui est important c’est qu’on fait en sorte de travailler des concerti [dialogue entre un ou plusieurs instruments solistes et l’orchestre, ndlr] pour qu’ils puissent jouer seuls. Chaque pupitre a un soliste qui tourne sur chaque session – un grand moment pour ceux qui sont choisis. Nous préparons aussi les étudiants à l’attitude professionnelle : lorsqu’on dit que la répétition débute à 10 heures du matin, le chef lève la baguette à 10 heures, donc ils doivent être prêts.

Qu’en retirent les étudiants ?
D’abord, la satisfaction de participer à de grands moments, comme le 4 novembre dernier où l’orchestre a joué à la Cathédrale de Strasbourg devant les plus hautes autorités européennes et a pu accompagner Christian Tetzlaff, un violoniste prestigieux. Au-delà des opportunités de représentations (qui dépassent le cadre de concerts propres à l’Académie puisque les enseignants, eux-mêmes musiciens, peuvent solliciter les étudiants), l’orchestre est gage de rigueur et de qualité. À chaque examen depuis mon arrivée en 2014, je constate que le niveau monte individuellement donc forcément aussi dans le cadre de l’orchestre. Notre job c’est de les stimuler et de les confronter aux réalités d’un métier très exigeant qui demande beaucoup d’engagement et de travail. Ici, ce n’est que le début…

Propos recueillis par Cécile Becker

(Mis en ligne le 11.01.2019)


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