Tout au long de cette année, les étudiants de l’atelier de Didactique visuelle expérimentent le commissariat d’exposition. Par le biais de workshops et conférences, Thomas Delamarre, conservateur à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, leur livre ses techniques et réflexions autour de la question du partage des œuvres, dans un contexte où le numérique devient un passage obligé.

Pour entrer en matière dans l’univers expographique, Thomas Delamarre a d’abord expliqué aux étudiants les missions d’un curateur, les étapes qui mènent à la création d’une exposition, mais aussi ses recettes, inspirées de son expérience à la Fondation Cartier. Pour « Jeunes artistes en Europe. Les métamorphoses » présentée au printemps 2019, il a exploré 29 pays d’Europe à la rencontre de la jeune scène artistique et sélectionné 21 artistes, représentatifs d’une création en complète évolution.

« C’est passionnant d’expliquer à des étudiants le cadre de création d’une exposition, de les faire réfléchir aux enjeux de didactique et de médiation qui guident notre travail, de les sensibiliser à l’utilisation de l’architecture de l’espace pour faciliter la rencontre avec les œuvres. » Une démarche qu’il met aussi au service de thématiques centrées sur l’environnement – fil conducteur de la Fondation Cartier – quand il met en scène, en 2016, Le Grand Orchestre des animaux. Pour présenter ces archives d’un monde animal en voie de disparition, il associe les enregistrements sonores du bio acousticien américain Bernie Krause, à la pratique visuelle du collectif d’artistes londoniens, United Visual Artists.

« Ce dialogue avec les artistes fait pleinement partie de notre métier. Sur une telle thématique, notre objectif est aussi de créer de l’empathie et de changer les regards. Une démarche qui questionne le bon dosage entre la didactique et la rencontre des œuvres. Jusqu’où faut-il donner des clés d’interprétation et de compréhension du sujet ? Chaque commissaire a ses propres recettes ! J’aime cette occasion de transmettre un savoir très pragmatique.»

Imaginer une exposition virtuelle

C’est justement lors d’une journée d’étude, consacrée à la biodiversité, que les étudiants de la HEAR ont suivi la première conférence de Thomas Delamarre en février 2020. « Tous les ans, nous enrichissons notre pédagogie grâce aux interventions de professionnels qui partagent leur expertise » se réjouit Olivier Poncer, responsable de l’atelier Didactique visuelle. « Thomas leur ouvre les coulisses d’un métier et d’une grande Fondation. Il inscrit l’atelier dans le champ de l’art contemporain, il questionne l’intention de l’exposition pour la rendre intelligible à son public. C’est tout le propos de la didactique ».

Cette année, la participation de Thomas Delamarre à l’enseignement prendra la forme de deux workshops. En janvier, suite à une conférence sur l’explosion des pratiques numériques, les étudiants ont découvert un corpus d’œuvres issues des collections de la Fondation Cartier. Objectifs : devenir les commissaires de leur propre exposition et inventer un dispositif digital pour la présenter. « J’ai été impressionné par leurs intuitions et des angles de vue très intéressants, marqués par le vécu de leur génération et par l’époque. » En avril, ils poursuivront avec la mise en œuvre de leurs propositions d’expositions virtuelles, lors d’un workshop d’une semaine.


Corinne Maix • Publié le 23 mars 2021

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Voir la video de la conférence du 15 avril 2021