Depuis 2013, les Cafés Sati organisent, avec l’accompagnement de la HEAR, un concours d’art urbain qui invite les jeunes artistes issus des écoles d’art du Grand Est, de Suisse et d’Allemagne à investir la façade de la torréfaction située au port du Rhin à la frontière entre Kehl et Strasbourg. Nicolas Schulé, président des Cafés Sati, revient sur la création du concours.

“L’idée initiale était de mettre en lumière les liens entre l’art, l’industrie et la ville” explique d’emblée Nicolas Schulé, président des Cafés Sati, “ce sont des mondes qui se croisent, qui se connaissent. Il y a des liens entre l’art et la ville, entre la ville et l’industrie, j’avais envie de réunir ces trois mondes !” C’est en voyant le remodelage de la zone portuaire de Strasbourg que Nicolas Schulé imagine les Talents Sati. “Je voulais que l’entreprise accompagne cette dynamisation du quartier. Il y a tous les jours entre 20 et 30 000 voitures qui voient la façade des Cafés Sati, alors pourquoi ne pas attraper leur regard avec une œuvre artistique ?” poursuit-il.

Démarche artistique

Le projet se dessine petit à petit dans la tête de Nicolas Schulé : “Je ne voulais surtout pas afficher une publicité géante sur la façade !” précise-t-il de prime abord. Il pense alors à une œuvre monumentale, à la dimension de la façade de l’entreprise, exposée sur 140 mètres carrés pendant une année entière et réalisée par de jeunes artistes. “Je voulais convaincre une école d’art de croire en ce projet et nous accompagner ! Je suis allé voir la HEAR et David Cascaro (NDLR : directeur de l’école) a cru en la démarche artistique et a décidé de nous soutenir”, poursuit le président des Cafés Sati. La première édition du concours, ouverte uniquement aux étudiants de la HEAR, est lancée en 2013 : “ce fût un grand succès pour une première ! L’école et les professeurs nous ont soutenus, la presse a massivement relayé !” se souvient Nicolas Schulé.

Région transfrontalière

“La clé d’entrée a été la HEAR,. Le concours dès sa deuxième édition a été étendu aux écoles du Grand Est, de Suisse et d’Allemagne – trois étudiantes de l’école d’art de Saarbrücken remportant la 3e édition – et aujourd’hui les étudiants et jeunes diplômés de neuf écoles de la région transfrontalière participent au concours (NDLR : Reims, Nancy, Metz-Epinal et la HEAR pour la France, Pforzheim, Köln et Saarbrücken pour l’Allemagne, Bâle et Lucerne pour la Suisse)” précise le président. En regardant dans le rétroviseur, Nicolas Schulé est impressionné par le niveau artistique des propositions. “Nous n’avons jamais eu de problématique quant à la qualité de l’œuvre à exposer, au contraire ! Chaque année, le niveau est de plus en plus impressionnant, toute l’équipe a hâte de voir la suite !”, poursuit-il.

Fenêtre sur canal

Une présélection sur dossier suivie pour trois projets d’un travail plus approfondi à soutenir à Strasbourg, devant un jury de professionnels, placé sous la présidence d’une personnalité du monde de l’art. Pour le jury 2020, c’est Kevin Muhlen, directeur de Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain qui en aura la charge.

Justine Siret, étudiante en Art à la HEAR à Mulhouse et lauréate de l’édition 2019 avec “Fenêtre sur canal” (lire notre article à ce sujet), revient sur cette expérience : “J’ai rencontré Martine Chantrel, alors directrice du Centre culturel français de Freiburg et présidente du jury. Le courant est bien passé et elle m’a proposé d’exposer un mois et demi dans son centre d’art ! L’exposition était prévue en avril 2020, décalée à l’an prochain à cause de la crise sanitaire actuelle”. Elle donne un conseil aux futur·e·s candidat·e·s , insistant sur l’importance du dossier qui doit être le plus “complet et visuel possibles pour faire entrer le jury dans son projet”.


Charlotte Staub • 5 mai 2020