Chaque année, la HEAR ouvre ses portes à des artistes internationaux en résidence. Actuellement, l’école accueille Anatoliy Lavrenishyn (Ukraine), Anna Soz (Russie), Li Li K.S.A. (Birmanie) et Dalya Abdalrahman (Palestine) dans le cadre du Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (PAUSE).

Créé en 2017 au sein du Collège de France, le programme PAUSE est soutenu par quatre ministères : l’Enseignement supérieur et la Recherche, l’Intérieur, l’Europe et les Affaires étrangères, et la Culture. Ce programme vise à soutenir les chercheurs et artistes contraints à l’exil, illustrant ainsi la volonté de réactivité de l’institution face aux crises politiques et sociales majeures traversant notre monde comme celles qui frappent actuellement le Proche-Orient et l’Ukraine.

Les lauréat·es du programme sont accueilli·es dans des établissements d’enseignement supérieur, de recherche ou des institutions culturelles en France. Ces structures œuvrent pour accompagner les scientifiques et artistes en danger dans leurs démarches quotidiennes et leur insertion socio-professionnelle.

La résidence d’Anatoliy Lavrenishyn à Strasbourg, débutée en septembre 2022, s’est achevée en janvier 2025, mais son accès aux ateliers de travail a été prolongé jusqu’à l’été. Anna Soz et Li Li K.S.A., accueillis respectivement depuis septembre et décembre 2023, verront leur résidence prolongée jusqu’au dernier trimestre 2025. La résidence de Dalya Abdalrahman, quant à elle, est prévue pour durer au moins un an à compter de son arrivée en France en janvier 2025.

Un engagement fort de la HEAR

Stéphane Sauzedde, directeur de la HEAR, souligne que ce dispositif national, impliquant une grande partie du réseau des écoles d’art publiques, porte haut leurs valeurs d’hospitalité et d’engagement citoyen. « La HEAR entend affirmer son soutien global à l’accueil d’artistes n’étant plus en capacité de poursuivre leurs activités dans leur pays d’origine en raison de conflits, de persécutions politiques, de menaces, de censure, de violences et d’exils forcés », déclare-t-il.

Il insiste sur l’importance, pour les étudiants, de rencontrer physiquement ces artistes, soulignant les vertus éducatives de telles rencontres. Ce dispositif contribue également à favoriser l’émulsion artistique en remettant en question la légèreté d’un « art-distraction » majoritaire dans nos sociétés actuelles.

Une ouverture sur le monde

Par sa volonté d’adaptabilité face aux crises globales, PAUSE introduit dans les écoles d’art publiques et à la HEAR des unités géographiques et esthétiques très diverses, remettant en question notre conception occidentalo-centrée de l’art. La position de la HEAR tend à décloisonner les focales de la compréhension artistique et à mettre en avant sa dimension internationale dans une logique solidaire et pacifique d’hospitalité, de ré-évaluation des rapports au Sud Global et de prise en compte des problématiques climatiques à venir, plus que jamais préoccupantes.

Cet engagement s’inscrit dans la continuité idéologique et politique du réseau des écoles d’art publiques de France, qui défend les libertés académiques, sociales, critiques et artistiques à travers le monde. Il permet aux artistes, qui, en raison de leur libre-pensée, sont régulièrement parmi les premiers visés dans les pays en guerre, de poursuivre leurs travaux.

Pour la HEAR, il s’agit, précisément, de se mobiliser en vue de préserver la création et l’épanouissement artistique des artistes accueillis, faisant face à des situations dramatiques qu’il est nécessaire de dénoncer et de combattre fermement.