Implantée à proximité de Strasbourg, Lumideco développe son activité auprès d’institutions artistiques de premier plan. Désireuse d’accompagner la jeune création, l’entreprise s’est associée à la HEAR pour créer la Bourse XXLumideco. Cette année, deux projets de deux diplômées ont été soutenus. Retour sur cette première édition.

L’entreprise Lumideco, installée en Alsace depuis 1991, a développé son activité dans le domaine de l’événementiel, expositions permanentes et temporaires, décors de théâtres, stands… Menuiserie, métallerie, impression numérique, travail du verre, béton ou pierre, ses savoir-faire sont multiples. Parmi ses clients, rien de moins que le Centre Pompidou (Paris et Metz), le Jardin des Plantes ou encore la Fondation Cartier. Bruno Ischia, fondateur et président de Lumideco a souhaité accompagner de jeunes artistes en lançant la première bourse XXLumideco, en partenariat avec la HEAR et la fondation Université de Strasbourg.

Visibilité

“Après 30 ans à faire ce métier, je voulais un peu ralentir la cadence ! J’avais envie d’accompagner un·e jeune artiste dans la production d’une œuvre, c’est comme ça que l’idée d’une bourse est venue” explique Bruno Ischia. “Je travaille déjà avec quelques enseignant·es de la HEAR, Pierre-André Weitz, Nathalia Moutinho ou Alexandre Früh ; j’avais donc une idée de ce qui se faisait à l’école. Le but était de mettre à disposition les moyens de Lumideco”, poursuit-il. Ce programme s’inscrit dans les missions de la HEAR, soucieuse de permettre à ses jeunes diplômé·es de gagner en visibilité et de pouvoir exercer dans des conditions professionnelles satisfaisantes. Outre une mise à disposition des espaces et du matériel de Lumideco, le ou la lauréate de la bourse bénéficie de l’accompagnement du personnel de la société pour intervenir sur certaines machines et d’une prise en charge intégrale des matériaux nécessaires.

Ex-aequo

Pour cette première édition, ce ne sont pas une mais deux lauréates qui remportent la bourse. Camille Lapouge (Art, groupe pédagogique La Fabrique, 2013) et Kapitolina Tcvetkova (Art, La Fabrique, 2020). Elles ont été déclarées ex-aequo à l’issue d’un 1er jury composé de Selen Ansen, présidente du jury (Arter, Istanbul), Bruno Ischia et Antoine Lejolivet (responsable des expositions à la HEAR). L’œuvre de Camille Lapouge, Le sabre et le chrysanthème, interprète un imposant cabinet de bois aux montants ciselés et portes sculptées attribué à l’ébéniste du XIXe Gabriel Viardot, débité en planches perdues pour être contraint en son propre moyen de transport, une caisse. Le projet scénographique de Kapitolina Tcvtkova, Alice, est pensé comme une sculpture et installation interactive, intégrée au spectacle de théâtre musical contemporain éponyme de la compagnie Hanatsu miroir ou apte à être activée indépendamment du spectacle.

Technique

“Le meuble que j’avais choisi était une antiquité et la pièce que je présentais était particulièrement technique à réaliser en raison des nombreuses coupes minutieuses, ajustements et perçages. J’avais besoin d’une source de financement importante et de faire équipe avec un menuisier pour la produire” explique Camille Lapouge à propos de son projet, “j’ai passé 3 mois sur place, j’étais présente à l’atelier tous les jours avec le menuisier, Henri Kammerer, avec qui j’ai eu la chance de travailler en équipe”. Du 13 mars au 16 mai 2021, sa pièce sera exposée à la Villa Arson à Nice. L’artiste y a conduit un travail sur les territoires traversés par des contextes de crise en programme de recherche de 2016 à 2019. Elle sera accueillie dans le Passage des fougères, un nouvel espace dédié aux artistes émergents.

Matières et formes

Pour son projet, Kapitolina Tcvtkova utilise “de multiples matières et formes que l’on a choisies avec les musiciens et compositeurs pour leurs qualités sonores. Les formes sont aussi pensées par rapport à l’intégration des autres instruments et mouvements de la dramaturgie, combinaison des matières et couleurs. Ce n’était donc pas un projet simple à produire ! Lorsque j’ai entendu parler de la bourse, j’ai eu l’impression qu’elle était pensée pour notre projet !”

La HEAR et Lumideco ont décidé de poursuivre l’aventure et prévoient une deuxième édition de la bourse XXLumideco. L’appel à candidatures sera lancé au courant de janvier 2021.

Charlotte Staub

(mise en ligne le 12 décembre 2020)